Est-ce que le métier de patron exige un coaching spécifique ? Après tout, derrière le professionnel se trouve un homme ou une femme comme les autres, soumis comme beaucoup au stress, au besoin d’optimiser ses performances, de prendre du recul ou encore de rééquilibrer sa vie professionnelle et sa vie personnelle.
Dirigeant, dirigeante : qui es-tu ?
Il peut aussi bien s’agir du dirigeant directeur général d’un groupe du CAC 40, que du patron d’une PME de 500 salariés, du créateur d’une startup, ou encore du fondateur d’un cabinet de profession libérale. On peut aussi y inclure les responsables politiques de tout premier plan. Ce qui fait la particularité d’un dirigeant, c’est qu’il dirige justement : c’est lui qui prend les décisions. Que le client soit dirigeant d’une petite ou d’une grosse entreprise, sa situation est la même : à un moment il est seul face à la prise de décision. De cette particularité essentielle découle une série de phénomènes et de demandes nécessitant un coaching spécifique.
En effet, la posture jupitérienne du dirigeant, posture supposant un dirigeant tout puissant, sans faiblesse, exacerbe des phénomènes que l’on rencontre dans le coaching en général. Comme par exemple la manifestation des « drivers » (injonctions internes à être fort, à être parfait, à faire vite, à faire des efforts, à faire plaisir).
La posture jupitérienne : quelles conséquences ?
Mais cette posture jupitérienne génère aussi et surtout des phénomènes propres à la fonction comme le déni de stress. Ou encore l’appartenance à l’entreprise (appartenance corps et âme 24h/24), la peur du vide, le syndrome du sacrifice, le locus (ou contrôle interne). La suradaptation à une crise et l’hyperspécialisation peuvent également engendrer comme possibles conséquences une difficulté à faire confiance et une difficulté à déléguer. Et ce, potentiellement aux dépens de la fonction de dirigeant.
Certains de ces phénomènes peuvent être observés parmi les chefs d’Etat. Par exemple, Nicolas Sarkozy, « l’hyperprésident », qui occupait (presque) toutes les fonctions ministérielles, ou plus récemment Emmanuel Macron qui au cœur de la crise sanitaire, selon les dires de son entourage (voir l’article du Monde daté du 30 mars 2021), aurait acquis une maîtrise des travaux épidémiologiques, au point de ne plus forcément suivre les conseils des scientifiques. Comme les chefs d’Etat, les dirigeants d’entreprise sont à la fois très entourés et pourtant très seuls face à la prise de décision, c’est d’ailleurs ce qu’on appelle le paradoxe du dirigeant. Un entourage professionnel très présent peut aussi couper le dirigeant du « terrain » (le coupant de la réalité des salariés, de la réalité des clients, de la réalité des citoyens…).
Les phénomènes évoqués précédemment sont une liste non exhaustive des phénomènes liés à la fonction de décideur et dont la connaissance est clé pour proposer à vos clients dirigeants un coaching adapté et de qualité.
Le coaching de dirigeant : pour quoi et pourquoi ?
Les demandes des dirigeants en coaching s’articulent principalement autour de 3 axes :
- la santé du dirigeant, généralement liée au stress, et cela plus particulièrement dans les petites structures,
- la solitude du dirigeant,
- et le développement du leadership, qui peut être défini comme la capacité d’orienter et de mobiliser durablement un groupe d’individus vers l’accomplissement de buts précis. Cette demande émane souvent de dirigeants dont l’entreprise est en phase de transformation.
Le processus de coaching représente un espace sécurisé, une parenthèse dans laquelle le dirigeant vient se retrouver : « comment je fais vivre l’individu que je suis dans la fonction de décision spécifique que j’exerce au service d’un projet de transformation de mon entreprise ? ». Le coaching est un espace lui permettant de prendre du recul, de sortir de son costume de dirigeant pour porter un autre regard sur ses besoins, sur ce qu’il cherche au fond, sur ses manières de faire, sur ses freins, sur les ressources dont il dispose… Le coach, par son extériorité de coach, joue un effet miroir que l’entourage du dirigeant ne peut jouer. Le coach peut, pour parler familièrement « mettre le doigt là où ça fait mal ».
Comme le sportif de haut niveau, le dirigeant a besoin d’être performant, d’obtenir des résultats, et de mobiliser toutes ses ressources au service de son objectif. La finalité du coaching de dirigeant est d’accompagner à la fois le dirigeant et l’individu, mais c’est aussi au bout du compte de permettre à l’entreprise d’être elle-même encore plus performante.
Faut-il avoir été dirigeant pour coacher un dirigeant ?
Evacuons tout de suite cette idée reçue : la réponse est non ! Un coach efficace ne l’est pas par son expérience antérieure mais par sa capacité « ici et maintenant » à accompagner par son questionnement son client dans la prise de recul, à l’ouverture de nouvelles perspectives et à la mise en œuvre son plan d’action pour atteindre son objectif.
J’irai même plus loin. J’identifie deux points de vigilance pour les coachs ayant été dirigeants dans une vie antérieure et souhaitant coacher des dirigeants – deux points pour lesquels la supervision sera nécessaire :
- D’une part un possible phénomène de contre-transfert pouvant amener le coach à réagir à l’univers et à la problématique de son client en résonance à sa propre expérience.
- D’autre part, un possible phénomène de transfert pouvant amener le client à attendre du coach une expertise métier et une position haute liées à cette expérience antérieure. Or, le coach n’est ni un conseiller ni un formateur. Son rôle n’est pas de prendre la décision à la place de son client, mais de l’accompagner, notamment par un questionnement, dans la mobilisation de toutes ses ressources pour atteindre son objectif. En position basse donc.
Pour ma part, j’ai fait le choix de participer au module de spécialisation « coaching d’entreprise » incluant le coaching de dirigeants. Ce module de formation m’a permis non seulement d’étudier les phénomènes psychologiques et comportementaux spécifiques à la fonction de dirigeant mais aussi et surtout de mettre en pratique différents aspects du coaching de dirigeant : tels que le questionnement de son client sur son leadership, le questionnement de sa vision des missions régaliennes du dirigeant et du manager ou encore l’utilisation concrète d’outils pour travailler un objectif d’image.
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