« (…) nous entendons par existentialisme une doctrine qui rend la vie humaine possible et qui, par ailleurs, déclare que toute vérité et toute action impliquent un milieu et une subjectivité humaine. » Jean-Paul Sartre, L’existentialisme est un humanisme
« L’existence précède l’essence » : phrase symbolique de la théorie sartrienne. Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Quel rapport peut-il exister avec la pratique du coaching ?
Dans ce contexte, la notion d’essence représente la nature propre à quelque chose. Par exemple, la nature d’une chaise est celle d’un objet conçu pour que les personnes puissent s’assoir dessus. Cette nature est prédéterminée. Donc, pour la chaise, son essence précède son existence.
Dans le cas de l’homme, la formule s’inverse : son existence précède son essence. C’est-à-dire que ses choix individuels vont déterminer ce qu’il va être. Par exemple, nous avons toute liberté pour choisir notre métier (coach, peut-être ?), mais ce choix existentiel va déterminer nécessairement notre « essence ».
Nous touchons ici au thème de la responsabilité. Selon le philosophe, l’homme est irrémédiablement responsable par ces actes. De-là, d’ailleurs, toute l’angoisse d’engager cette responsabilité et cette liberté face à des possibilités infinies. Voici donc le rapport entre l’existentialisme et le métier de coaching : celui-ci doit se fonder sur le principe d’action et sur la responsabilité inaliénable de l’individu (cf. – Linkup Coaching). En ce sens, la pratique du coaching peut être reliée à l’existentialisme en tant que discipline ancrée dans une réalisation autonome, qui s’adapte à la complexité du présent pour l’inventer.
Non par hasard, la philosophie sartrienne débouche sur une critique consistante de l’inconscient freudien. L’hypothèse d’une conscience qui serait essentiellement déterminée par quelque chose d’autre qu’elle-même n’est pas à exclure des principes théoriques du coaching. Néanmoins, en suivant le philosophe français, nous avons du mal à fonder cette pratique sur la seule idée de l’inconscient. En effet, l’individu est un élément déterminant et non pas déterminé. Serait-il donc un individu de la conscience en dépit de l’inconscient ? Certainement, surtout quand nous pensons que « la vie, elle, n’est rien, mais c’est à vous de lui donner un sens, et la valeur n’est pas autre chose que ce sens que vous choisissez. »[1]
[1] Jean-Paul Sartre, L’existentialisme est un humanisme
l’individu est un élément déterminant et non pas déterminé: pas tout à fait.
En fait, il est les deux, d’où la complexité à saisir les lois qui le déterminent. C’est une co-création dynamique, se déroulant telle une respiration, entre l’intériorité singulière de chaque individu et son environnement, qu’il influence et par lequel il est influencé.
D.W.Winnicot, pédopsychiatre anglais de renom a eu cette phrase célèbre: » Un bébé ça n’existe pas! »
Sous-entendu, qu’il y toujours un environnement relationnel et matériel qui fait « existence » avec lui.
Jana
9 décembre 2017
Bonjour Jana,
Je vous remercie pour votre commentaire.
Vous avez tout à fait raison de soulever ce point délicat et problématique.
Selon la proposition sartrienne, même l’individu qui est déterminé va avoir le choix sur cette détermination, donc va être déterminant en ce sens.
Nous avons voulu mettre cet aspect en rapport avec le métier de coach dans la mesure où celui-ci doit justement trouver des solutions aux déterminations, et être ainsi déterminant et non pas déterminé.
Bien à vous,
Diego Torraca
Diego Torraca
20 décembre 2017
C’est l’idée de co-creation dynamique qui est riche de sens ( et accessoirement qui évite de chercher qui de la oule ou de l’oeuf). On peut penser à winnicot du côté de la psychologie mais aussi à P. Bourdieu en sociologie. Pour lui c’est la capacité de l’humain à mener un travail constant sur les determinants sociaux qui agissent en lui qui lui (re) donne toute sa capacité à choisir et à décider pour lui-même
Diomède Coaching
17 mai 2019
PENSONS SPIRALE DYNAMIQUE .
Ce concept mettra d’accord le principe de systèmes de valeurs profondes et de surface qui régissent non seulement le mental de l’individu, mais aussi ses actes et sa responsabilité, en mode interocéptif et exterocéptif…ce mode de pensée intègre le déterminant et le déterminé, mais dans toute la mouvance et la capacité d’adaptation de chaque individu. Cela, en considérant les stades d’évolution et la navigation dans ces échelles, que le coach doit savoir considérer et approcher comme un observateur prêt à voyager en chacun. Découvrir avec un regard éclairé et humaniste, au point d’en dissoudre ses propres croyances, au profit de l’autre, pour revenir ayant collecté ce qui détermine l’objectif et les moyens de l’atteindre, par les valeurs profondes liées à toute la connaissance qu’un individu peut réunir de lui-même. En somme, l’essence est un avoir, un produit qui résulte d’une vie faite d’expériences qui le transforme sans cesse, et qui se concentre encore et encore en éléments subtils, pratiquement dans le sens alchimique, pour en faire une sommité d’être, une existence dont la consistance est faite du déterminant et du déterminé, spiralant ensemble. Le coach lui, accompagne un temps, cette occasion que s’offre son client de se consacrer à trouver la substantifique moelle du changement que l’individu s’autorise à créer en pleine conscience existentielle.
NATHALIE PACZEK-LAURENT
29 janvier 2020
Merci pour ce texte rationnel et qui justifie notre destinée. Même si on m’en fait pas notre métier parfois à cause de professeurs et d’adultes qui ne croyez pas en nous, on exerce par nature.
Sêngul
7 décembre 2017