Comment développer l'intelligence émotionnelle ? On répond à cette question dans ce troisième article de notre nouvelle série sur le bien-être et la santé mentale au travail. C'est parti 🚀
« Cogito, ergo sum », « Je pense donc je suis », tout le monde connait cette citation du philosophe René Descartes. Celle-ci laisse penser que l’homme existe uniquement parce qu’il est capable de penser, mettant de côté les ressentis. Notre société ne donnait pas de place à nos émotions. Elles rendaient l’humain faible, seule la raison comptait. Aujourd’hui, le constat est différent. Apprendre à se mettre en relation avec ses émotions et renouer avec le soi primitif peut avoir un impact puissant sur le quotidien des individus. Et tout ça a un lien avec l’intelligence émotionnelle.
Point théorique : qu’est-ce qu’une émotion
L’étude scientifique des émotions et des états affectifs se heurte à un problème de départ : celui de la définition de ces concepts, mais aussi de leur mesure empirique.
Les états affectifs sont des états liés à des sensations de plaisir ou de déplaisir. Parmi eux, on distingue les sentiments, les humeurs, les affects et les émotions. Les sentiments et l’humeur, étant des états plus diffus, sans grande modification physiologique, de faible intensité et n’étant pas causés par un stimulus particulier, sont différenciés des émotions.
Les émotions sont plus saillantes, intenses et accentuées que les états affectifs. Ce sont des épisodes automatiques de très courte durée, prenant le dessus sur toute activité en cours. Déclenchées par une cause spécifique, elles engendrent des réponses comportementales, neurophysiologiques, cognitives et attentionnelles (Tcherkassof, 2017). Elles monopolisent également des ressources motivationnelles, ce faisant, elles sont prioritaires dans leurs expressions.
Le répertoire des émotions de base
L’homme possède un répertoire d’émotion de base avec une signature biologique qui lui est propre (Goleman et al., 2014, p.23-25) :
- la colère qui fait affluer le sang et libère une quantité importante d’hormones qui permet de réaliser une action énergétique ;
- la peur met le corps est en état d’alerte. Il y a une quantité importante de sang qui est envoyé aux muscles, donnant l’impression d’une paralysie quelque seconde, le temps de déterminer s’il est préférable de fuir ou de rester immobile ;
- la joie qui amène une augmentation de l’énergie et une diminution des états négatifs ;
- le dégoût avec le changement de l’expression faciale, les narines se plissent et les lèvres se retroussent comme pour se protéger d’un élément désagréable ;
- la tristesse, qui provoque un ralentissement du métabolisme, une baisse d’énergie et une anhédonie, permet de faire face aux évènements compliqués.
Paul Ekman est ses pairs rapportent, dans les années 80, qu’il y aurait six émotions de base. À partir de ces émotions, il est possible de ressentir une multitude d’émotions secondaires. Par ailleurs, il existe des émotions dites individuelles (p.e. dégoût, joie) et des émotions dites sociales (p.e. honte). Le panel d’émotion s’agrandît à mesure que le système social dans lequel vivent les individus est complexe (Goleman et al., 2014, p.31).
Les émotions : contrainte ou liberté ?
Les émotions ont un rôle primordial dans la prise de décision. En effet, les structures cérébrales spécialisées dans nos émotions sont reliées au cortex pré-frontal. Il s’agit d’une aire cérébrale qui participe, non seulement à la régulation de nos émotions, elle est également un élément moteur dans la prise de décision. Ainsi, les zones de notre cerveau dédiées à nos émotions sont associées à notre centre de prise de décision : c’est que l’on appelle le réseau de cognition sociale (Berthoz & Bourdier, 2017). Cette découverte a été mise en exergue grâce au livre d’Hanna et d’Antonio Damasio dans le livre L’erreur de Descartes : la raison des émotions. Elle a été affinée avec le temps.
Jusqu’à aujourd’hui, les émotions étaient essentielles à la survie de l’homme. Toutefois, ces mêmes émotions n’ont pas suivi le même accroissement évolutif que notre société. Effectivement, il n’est plus nécessaire de se mettre en colère pour battre un ennemi, par exemple (après, tout dépend de la région du monde où l’on se trouve). Ainsi, on peut se demander si nos émotions sont adaptées à la société telle qu’elle est aujourd’hui ? Celles-ci n’auraient-elles pas pris le train en marche de l’évolution ?
S’affranchir de ses émotions grâce à l’intelligence émotionnelle
L’idée n’est pas de changer la nature profonde de l’homme et de ses états affectifs, l’idée est d’apprendre à percevoir, connaître, reconnaître et comprendre ses ressentis : c’est ce que l’on appelle l’intelligence émotionnelle (Kotsou, 2017). Effectivement, ne pas être capable de mettre des mots sur ce que l’on ressent peut-être handicapant dans le quotidien. Le manque de compréhension des ressentis crée des problèmes de santé mentale et empêche de prendre des décisions. De ce fait, si les émotions ne sont pas « apprivoisées », elles peuvent être un handicap au quotidien.
Développer ses compétences en matière d’intelligence émotionnelle peut s’avérer être un véritable atout. En faisant confiance à son intuition et en prêtant attention aux signaux, que notre esprit et que notre corps nous envoient, cela permet une meilleure appréhension des évènements de la vie ; surtout lorsque l’on ressent de la peur ou de l’angoisse. Le fait de se familiariser avec ses émotions permet d’agir et non plus de subir une situation. Cela aide à rester en cohérence avec ses valeurs et de rentrer dans une dynamique de libre choix : l’intelligence émotionnelle permet d’être plus libre (Kotsou, 2017).
Cette capacité à se mettre en méta position face à ses émotions est presque innée chez certaines personnes. Leur réseau de cognition sociale serait plus développé que chez d’autres. Toutefois, cela ne veut pas dire que ce n’est pas à la portée de tout le monde. Bien au contraire, on peut acquérir cette faculté avec de l’entraînement.
Bibliographie sur les émotions et l’intelligence émotionnelle
Berthoz, S., & Bourdier, L. (2017). Comment notre cerveau gère nos émotions. 89(6), 60‑66. Cairn.info.
Damasio, A. R. (2006). L’Erreur de Descartes : La raison des émotions (French Edition). Odile Jacob.
Goleman, D., Roche, D., & Piélat, T. (2014). L’intelligence émotionnelle I, II. J’AI LU.
Kotsou, I. (2017). Écouter nos émotions nous rend libres. 89(6), 56‑59. Cairn.info
Tcherkassof, A. (2011). Les émotions et leurs expressions. Presses Universitaires de Grenoble.
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