Bien-être et Justice Organisationnelle

Y a-t-il un rapport entre le bien-être et la justice organisationnelle ? On répond à cette question dans ce premier article de notre nouvelle série sur le bien-être et la santé au travail. C'est parti 🚀

D’après Lerner (1980), les personnes ressentent le besoin de croire que le monde est juste, cette croyance les rendrait plus heureux dans leur vie. Si on part de ce principe, travailler dans une entreprise qui a le sens de la justice et qui le montre par ses valeurs, devrait être une source de bien-être au travail.

Justice organisationnelle, qu’est-ce que c’est ?

La justice organisationnelle est un concept issu des sciences du management, qui a vu le jour dans les années 80. Elle fait référence au sentiment de justice perçu ou non lors d’une situation vécue ou observée par un individu. Ces situations peuvent concerner les relations collègues/collègues, employeur·euses/employé·es, et entreprise/client·es.

Le concept de justice organisationnelle repose sur trois dimensions : la justice distributive qui s’intéresse à la réaction d’un individu face aux rétributions qu’il reçoit en échange de sa contribution à l’entreprise ; la justice procédurale renvoie à la manière dont est perçue la règlementation mise en place dans l’entreprise ; et la justice interactionnelle, quant à elle, fait référence à la qualité de la communication entre les membres de l’organisation.

L’impact de la justice organisationnelle sur la santé et le bien-être

Depuis plus d’une vingtaine d’année, les recherches sur la justice organisationnelle se multiplient. Les perceptions de justice seraient considérées comme un agent prédicteur de santé au travail. Des traitements injustes peuvent avoir des effets sur la santé et le bien-être des employé·es (Piasecki & Steiner, 2019). La justice organisationnelle est un facteur d’apparition de risques psychosociaux (RPS). D’après l’INRS, les risques psychosociaux sont le résultat d’un alliage. Contraintes de poste, environnement de travail, organisation du travail et climat social dans l’entreprise. Ils représentent une menace pour la santé mentale et physique.

Apporter de l’attention au climat de justice au sein de son entreprise favorise une augmentation de la performance au travail, la satisfaction, l’implication organisationnelle, la fidélité et la confiance envers son entreprise, et le bien-être physique et mental. En revanche, si l’entreprise ne respecte pas les principes de justice, cela peut lui desservir et contribuer au développement de comportements déviants : augmenter le taux d’absentéisme et participer à l’apparition, de problème de santé physique et mentale chez les employé·es (Colquitt et al., 2001 ; Colquitt et al., 2013 ; Manville et al., 2016 ; Robbins, Ford & Tetrick, 2012).

La justice organisationnelle, un levier pour la prévention des RPS ?

Prendre soin de ses employé·es serait une manière de prévenir des mauvaises perceptions de justice et d’améliorer leur santé. Les chercheur·euses se sont aperçus de l’importance des perceptions de justice par les employé·es dans le processus d’amélioration des conditions de travail (Scott et al., 2007). En prenant soin du bien-être de leurs employé·es, les entreprises peuvent améliorer leurs perceptions de justices et limiter les risques psychosociaux.

Bien-être : comment prendre soin de ses employés ?

Faire preuve de transparence dans la mise en place de nouvelles règlementations, faire participer les membres de l’entreprise au processus de décision, cela leur donnera le sentiment de participer activement et non de subir les nouvelles règles. On peut également vous conseiller de témoigner de la reconnaissance envers vos employé·es, la paye à la fin du mois ne suffit pas toujours. Cela peut être des mots d’encouragement, la possibilité de partir plus tôt, c’est aussi accorder un moment d’écoute, ou encore faire attention à la quantité de tâche administrée. Enfin, on vous préconise de veiller sur votre façon de communiquer, que celle-ci soit respectueuse, complète et qu’elle contienne les bonnes informations.

Une autre manière de prendre soin de ses équipes est de mettre à profit le collectif, celui-ci s’avère être une véritable ressource dans des situations stressantes. Pour ce faire, vous pouvez organiser des tables rondes, des ateliers collectifs durant lesquels la parole est donnée aux employé·es et aux employeur·euses. Ces ateliers peuvent être agrémentés de jeux ou de mise en situation, où l’on tente de faire s’exprimer les personnes sur ce qu’ils ressentent, essayer de comprendre pourquoi certaines émotions sont ressenties. Vous pouvez même concrétiser ces séances par des contrats d’action, dans le but de donner une ligne de conduite à suivre.

Références

Colquitt, J. A., Scott, B. A., Rodell, J. B., Long, D. M., Zapata, C. P., Conlon, D. E., & Wesson, M. J. (2013). Justice at the millennium, a decade later : A meta-analytic test of social exchange and affect-based perspectives. Journal of Applied Psychology, 98(2), 199-236.

Manville, C., Akremi, A. E., Niezborala, M., & Mignonac, K. (2016). Injustice hurts, literally : The role of sleep and emotional exhaustion in the relationship between organizational justice and musculoskeletal disorders. Human Relations, 69(6), 1315-1339.

Moulin, S. (2021). Perceptions de justice et santé au travail : L’organisation à l’épreuve. Presses de l’Université Laval.

Piasecki, C., & Steiner, D. D. (2019). La justice organisationnelle comme levier pour promouvoir la qualité de vie au travail. Psychologie du Travail et des Organisations, 25(2), 116-126.

Valentine, M. (2018). When Equity Seems Unfair : The Role of Justice Enforceability in Temporary Team Coordination. Academy of Management Journal, 61(6), 2081-2105.