Notre objectif : vous proposer une définition des concepts liés au métier de coach, en mettant en lumière leur dimension philosophique. Avoir une idée claire des notions qui sont aux fondements d’une pratique, c’est essentiel pour les coach·es en devenir qui questionnent naturellement la signification de son vocabulaire, mais aussi pour les coach·es accompli·es qui cherchent une plus grande maîtrise de leurs connaissances. L’aspect philosophique du vocabulaire du coaching rend au lecteur les mots dans leur sens le plus précis mais qui s’avère être souvent étonnant et plein d’interrogations.
Quelqu’un qui pourrait dire ce qu’est le sens donnerait aussitôt la clef qui résout tous les problèmes philosophiques.[1]
Les trois dimensions du sens
Parler de sens en accompagnement, c’est parler de ce qui fait sens chez un individu. Dans ce cadre, le sens est avant tout une direction : c’est savoir vers où l’on va. C’est également une signification : savoir que ce que l’on vise ; et c’est enfin une sensation, celle de se sentir en accord avec ses valeurs profondes.
Direction, signification et sensation, ce sont les trois grandes dimensions du sens. Dans sa thèse de doctorat soutenue en 2009, Lionel Garreau intègre la multidimensionnalité du concept dans sa définition :
[Le sens], c’est le résultat de l’activité d’un individu qui se saisit de la réalité externe au travers d’éléments cognitifs, des finalités de l’individu et des émotions et sensations qu’il ressent.[2]
La question, c’est pourquoi nous engageons-nous dans cette activité ? Pour comprendre l’importance du sens, il faut faire un détour et parler d’existentialisme. L’idée fondamentale de l’existentialisme, c’est que nos choix individuels déterminent ce que nous sommes. De cette idée découlent trois principes : le principe de relationalité, le principe d’incertitude et le principe de l’angoisse existentielle.
Le sens et l’existentialisme
Dans un article publié en 2022, Théophile Laroussinie propose les définitions suivantes :
La relationalité, c’est très simple à comprendre : tout est en relation avec tout, tout le temps. […]
Le principe d’incertitude, c’est une conséquence du principe de relationalité. Puisque tout est en relation avec tout, tout le temps, il est impossible de tout contrôler. Et cette impossibilité de contrôle provoque par définition de l’incertitude. […]
Enfin, le principe de l’angoisse existentielle est la conséquence des deux premiers. Plongé·es dans un océan d’incertitude et confronté·es aux possibilités infinies de l’existence, il est difficile de ne pas ressentir une profonde angoisse. On appelle parfois ça le vertige existentiel, et c’est un sujet abondamment traité en philosophie. […][3]
Et bien produire du sens, c’est justement ce qui nous permet de faire face à l’incertitude et à l’angoisse existentielle. Autrement dit, produire sens, c’est ce qui nous permet d’appréhender la réalité et de la comprendre. Et cette entreprise de compréhension, elle passe par trois mécanismes : un mécanisme affectif, un mécanisme intentionnel et un mécanisme cognitif. On retrouve nos trois dimensions.
En d’autres mots : on peut comprendre le monde à partir des émotions qu’il nous fait ressentir ; on peut le comprendre à partir de la volonté qu’on veut y projeter ; et on peut le comprendre à partir de notre système de valeurs.
Le sens en coaching
Dans un coaching centré sur le sens, on va s’appuyer sur ces trois dimensions pour travailler sur le sens que les individus donnent à leur vie et plus généralement à leurs expériences et aux situations qu’ils rencontrent. On va donc travailler sur le système de valeurs et les croyances, puis sur ce que les client·es veulent et ressentent pour les accompagner vers un alignement. En faisant cela, on produit un terreau favorable à un changement attendu et souhaité.
Le but, accompagner nos client·es dans le développement de leur capacité à faire des choix, et donc à s’affirmer. Mais surtout à le faire en ayant conscience des interrelations dans lesquelles ils et elles sont plongé·es.
Références
[1] DUCROT, O. (2002), « Le sens », dans MICHAUD, Y. (éditeur) Le Cerveau, la langage, le sens, Paris: Odile Jacob, pp.271-285.
[2] GARREAU, Lionel. L’apport du concept de sens à l’étude du fonctionnement des équipes projet. Etudes de cas de développement de centres commerciaux chez Immochan. 2009. Thèse de doctorat. Université Paris Dauphine-Paris IX. p.180
[3] Le coaching existentiel : tour d’horizon #4
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