Identité et concept de soi : impact des valeurs et de la culture

Identité et concept de soi : impact des valeurs et de la culture

Dans cette nouvelle série d’articles, nous traiterons de l’identité avec, notamment, le concept du Soi. La construction identitaire est un phénomène complexe et multidimensionnel propre à chaque être humain. L’identité paraît souvent floue et confondue avec la personnalité, nous montrerons donc les distinctions entre ces deux concepts. Notre identité et la connaissance que nous avons de soi permettent de développer des stratégies identitaires. Dans les derniers articles de cette série sur l’identité, nous aboutirons sur la notion de cohérence éthique et de son lien avec la quête de sens. Enfin, nous finirons cette série sur l’identité dans un contexte organisationnel.

Introduction : l’identité, qu’est-ce que c’est ?

L’identité individuelle est un système de représentation de soi à partir duquel l’individu peut se définir, se présenter, se connaître et se faire connaître. Cette identité individuelle se construit grâce à l’importance des relations intra-interpersonnelle que nous entretenons avec notre environnement. L’identité, c’est un sentiment d’intégrité véhiculé par les valeurs que nous entretenons avec nous-mêmes et les autres. La culture impacte ces valeurs et nos comportements. C’est ce qu’on appelle une variable modératrice de l’identité.

Le concept du Soi et l’importance des relations intra-interpersonnelles

Le Soi, c’est la représentation que l’individu se fait de sa propre identité. Pour Marc (2016), on retrouve l’identité dans de multiples composantes du Soi. Par exemple :

  • L’identité pour soi et identité pour autrui
  • Sentiment de soi (façon dont on se ressent)
  • Image de soi (Comment on se voit et l’on s’imagine)
  • Représentation de soi (Comment on peut se décrire)
  • Estime de soi (Comment on peut s’évaluer)
  • Continuité de soi (Comment on se sent semblable ou changer)
  • Soi intime (Celui que l’on est intérieurement) / Soi social (Celui que l’on montre aux autres)
  • Soi idéal (celui qu’on voudrait être) / Soi vécu (Celui que l’on se ressent être).

L’identité personnelle, c’est « l’ensemble organisé des sentiments, des représentations, des expériences et des projets d’avenir se rapportant à soi » (Marti, 2008). L’identité se construit de manière dynamique avec un mouvement d’assimilation et de différenciation. On y trouve également un mouvement d’identification aux autres et de distinction par rapport à eux (Marc, 2016). Cette relation au soi admet donc deux types de relations, les relations intra-interpersonnelles.

Relations interpersonnelles et relations intrapersonnelles

Les relations interpersonnelles font référence à la qualité des relations qu’un individu peut établir et entretenir avec autrui dans ses différentes sphères de vie. Ces relations traduisent la capacité d’un individu à faire preuve de sensibilité, d’empathie et d’interagir avec succès dans des groupes différents. Pour trouver du sens dans une relation interpersonnelle, il faut y trouver une utilité (Frankl, 1988).

La relation intrapersonnelle est l’aptitude à avoir conscience de ses émotions, ses sentiments, ses idées, ses pensées et à les comprendre (Bar-On, 2006). Cette dimension comporte cinq critères majeurs que nous détaillerons brièvement :

  • Conscience émotionnelle : aptitude à reconnaître et à comprendre ses émotions.
  • Affirmation de soi : Aptitude à exprimer ouvertement ses sentiments, ses convictions et ses pensées.
  • Estime de soi : Conscience et respect de soi.
  • Auto-actualisation : Aptitude à réaliser son potentiel et à participer à des activités que l’on apprécie.
  • Indépendance : Autonomie et contrôle de soi dans ses pensées et ses actions.

L’autodétermination de soi

D’après la théorie de l’autodétermination de soi, les individus agissent selon une certaine cohérence dans leurs expériences pour développer de nouvelles ressources et compétences. Cette cohérence de soi par l’apprentissage nous montre surtout l’importance des relations intra-interpersonnelle qu’un individu entretient avec son environnement et, plus particulièrement, le potentiel que nous pouvons faire preuve avec l’intelligence émotionnelle (Goleman, 1995, 2003 ; Gardner, 1997, 2004 ; Bar-On, 2006). Cette forme d’intelligence comprend, dans la théorie des intelligences multiples de Howard Gardner, deux types d’intelligence en lien avec les relations intra-interpersonnelles.

En effet, d’une part Gardner (1997, 2004) explique que l’intelligence intrapersonnelle est notre capacité à avoir une bonne connaissance de soi et de nos actions. Cette intelligence consiste à faire de l’introspection, à identifier, analyser et anticiper ses propres émotions, sentiments, pensées et comportements en vue d’orienter sa vie. Elle permet de résoudre des problématiques sur notre personnalité et de conscientiser nos forces, limites, valeurs, rêves ou réactions. Afin de la développer, il est nécessaire de savoir prendre du recul sur soi-même et ses besoins en apprenant des stratégies comportementales appropriées à la situation. Cette expérience permet de favoriser ses apprentissages et d’ancrer le changement d’un individu. Les personnes à forte intelligence intrapersonnelle se connaissent et arrivent à se décrypter pour conduire leurs états émotionnels à la démotivation ou, au contraire, à l’engagement.

L’intelligence interpersonnelle

D’autre part, l’intelligence interpersonnelle interagit au monde extérieur à soi. Elle comprend notre aptitude à entretenir des bons rapports sociaux et de vivre en société. Cette intelligence sociale regroupe notre empathie, notre capacité d’adaptation et notre aptitude à discerner les intentions et sentiments d’autrui. Cette forme d’intelligence consiste à faire évoluer ses habiletés sociales et sa connaissance à l’autre en développant une meilleure compréhension de ses interactions sociales. Ainsi, l’individu sera plus à même de collaborer et d’interagir efficacement avec son environnement.

Les valeurs et la culture, variables modératrices à l’identité

Notre conception du monde est également organisée par nos critères et nos valeurs. Ces valeurs orientent les pratiques et comportements de l’ensemble des individus et contribuent donc à l’élaboration et au développement de notre identité.

Les critères

Les critères représentent nos normes de référence, ce sont des mesures qui nous servent à évaluer une personne, une chose, une situation. Nous évaluons notre environnement en fonction du degré de satisfaction à un certain nombre de critères. Ces critères n’ont donc pas tous la même importance. Les plus élevés dans la hiérarchie constituent nos valeurs.

Une valeur est donc une référence élevée dans la hiérarchie de nos critères et nos motivations. Les valeurs sont subjectives et s’inscrivent dans une dimension temporelle et dynamique. Une même valeur chez deux individus peut provoquer, selon un contexte donné, deux comportements différents. L’ensemble d’un certain nombres de valeurs qui nous sont propres correspond à ce que l’on appelle un système de valeurs (Arnaud & Mellet, 2019).

Le système de valeurs

Notre système de valeurs justifie nos actions et donne du sens à notre existence d’une manière consciente ou inconsciente (Arnaud & Mellet, 2019 ; Huet & Al., 2020). En fonction des valeurs qui nous paraissent importantes et des croyances mises en place, on peut être en accord avec ce système et trouver une façon de le promouvoir.

L’individu doit décliner ses valeurs en plan d’action en passant d’une logique de sens à une logique comportementale. On parle alors d’une logique de congruence, elle permettra de vivre selon ses valeurs et de nourrir un sentiment d’accomplissement de soi. Nous traiterons davantage ce processus dans cette série d’articles avec un numéro spécialisé sur la cohérence éthique et le fait de vivre en harmonie avec ses valeurs. Il est important de souligner que nos valeurs sont en partie transmisses par la culture dans laquelle nous avons évolué.

L’impact de la Culture sur nos valeurs, une identité culturelle.

La culture est indéniablement une variable modératrice à l’identité dans la mesure où elle l’inscrit l’individu dans tout un environnement systémique avec ses propres règles, normes, loi. La culture impacte donc la prise de décision de nos valeurs par la conscientisation de cet environnement.

On parle alors d’identité culturelle tout ce qui est commun et partagé entre les membres d’un groupe, une communauté : les règles, les valeurs et les normes. L’appartenance à une culture correspond en une adhésion aux normes et valeurs de cette culture.

La connaissance de son environnement culturel permet de mieux comprendre autrui que ce soit dans sa façon de penser, ses attitudes et ses comportements. Cela développe aussi notre capacité à mieux discerner ce qui nous correspond par d’autres façons de se situer (Marti 2008).

Il est nécessaire de prendre en compte l’environnement culturel avec l’environnement familial et social de l’individu afin de comprendre notre construction identitaire. Nous aurons l’occasion de traiter ce processus de construction identitaire dans notre prochain article avec une approche chronologique de l’identité (identité biographique / actualisation).

J’espère que vous avez pris plaisir à lire ce premier article et je vous retrouve pour le prochain numéro.

Bibliographie sur l’identité

  • Arnaud, B. & Mellet, É. (2019). Outil 2. Être en accord avec ses valeurs. Dans : , B. Arnaud & É. Mellet (Dir), La boîte à outils de la psychologie positive au travail (pp. 18-21). Paris: Dunod.
  • Huet, C., Rohou, G. & Thomas, L. (2020). Outil 39. La roue des valeurs fondamentales. Dans : , C. Huet, G. Rohou & L. Thomas (Dir), La boîte à outils du Bien-être au travail (pp. 126-127). Paris: Dunod.
  • GARDNER H., Les formes de l’intelligence, Editions Odile Jacob, 1997
  • GARDNER H., Les intelligences multiples, Editions Retz, 2004
  • Marc, E. (2016). La construction identitaire de l’individu. Dans : Catherine Halpern éd., Identité(s): L’individu, le groupe, la société (pp. 28-36). Auxerre: Éditions Sciences Humaines. https://doi-org.ezpaarse.univ-paris1.fr/10.3917/sh.halpe.2016.01.0028″
  • Marti, P. (2008). Identité et stratégies identitaires. Empan, 71, 56-59. https://doi.org/10.3917/empa.071.0056
    G.H. Mead, L’Esprit, le soi et la société, Puf, 1963 [1934].
  • Viktor Frankl, Découvrir un sens à sa vie avec la logothérapie, Montréal, Actualisation, 1988

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