Notre objectif : vous proposer une définition des concepts liés au métier de coach, en mettant en lumière leur dimension philosophique. Avoir une idée claire des notions qui sont aux fondements d’une pratique, c’est essentiel pour les coach·es en devenir qui questionnent naturellement la signification de son vocabulaire, mais aussi pour les coach·es accompli·es qui cherchent une plus grande maîtrise de leurs connaissances. L’aspect philosophique du vocabulaire du coaching rend au lecteur les mots dans leur sens le plus précis mais qui s’avère être souvent étonnant et plein d’interrogations.
La règle des 3P en coaching, qu’est-ce que c’est ?
La règle des 3 P en coaching est un outil d’analyse transactionnelle composé par trois notions interdépendantes : la protection, la permission et la puissance. Issue des théories du psychiatre et psychanalyste Éric Berne (1910-1970), l’analyse transactionnelle est une méthode d’analyse de la personnalité et de traitement des troubles affectifs, déployée notamment dans le cadre d’un accompagnement psychiatrique, psychologique ou thérapeutique. L’atout majeur de cette méthodologie est celui de sa « proximité » avec les patients, dans le sens où ils peuvent comprendre sa logique et son mode de fonctionnement facilement, et donc s’en approprier de façon plus efficace.
L’analyse transactionnelle utilise quatre méthodes principales pour comprendre le comportement humain : l’analyse structurelle de 1er ou de 2 e ordre qui permet de comprendre ce qui se passe à l’intérieur d’une personne (niveau intrapsychique) ; l’AT qui permet de saisir ce qui se joue entre deux personnes (niveau interpersonnel) ; l’analyse spécifique des jeux et des rackets, qui permet de comprendre certains types de transactions dont le dénouement comporte des sentiments désagréables ou qui se terminent mal ; l’analyse du scénario qui permet de comprendre le « plan de vie » suivi par une personne.[1]
L’analyse transactionnelle en coaching
En coaching, l’analyse transactionnelle est une méthode extrêmement efficace grâce à sa capacité à cerner nos habitudes comportementales. Elle nous permet d’avoir des repères clairs sur notre personnalité et notre façon d’interagir avec les autres. Cela nous permet d’adapter notre comportement en fonction de l’environnement et des situations vécues.
En analyse transactionnelle, la notion de puissance est accompagnée de celles de protection et permission. Les trois sont associées sous la forme d’un triangle positif qui serait l’équivalent résolutoire du triangle dramatique, autrement connu sous le nom de « triangle de Karpman », du nom de son inventeur. En coaching, le client est non seulement considéré comme puissant, mais aussi comme intrinsèquement intelligent, créatif, motivé, et très bien renseigné sur tout ce qui concerne son ambition, ses enjeux ou son problème.[2]
Dans cette réflexion, la règle des 3 P s’avère essentielle, car elle va donner les moyens au client pour qu’il puisse avancer dans sa problématique. La protection est le principe qui sécurise le processus d’accompagnement. Tout type de changement comporte des risques d’ordre personnel et professionnel, et une certaine précaution de la part du client est toujours bienvenue. Le fait d’évoluer dans un espace d’échange sécurisé rassure le client pour qu’il puisse se livrer au maximum au processus. La permission est la règle qui permet au client d’adopter une dynamique de libre expression et, notamment, de liberté de changement de comportement. Enfin, la puissance est le résultat de la mise en place de la protection et de la permission : avec ces deux éléments, le coaché possède toutes les conditions nécessaires pour pouvoir utiliser ses ressources et capacités, dans un environnement de changement optimal et sécurisé.
Protection, permission, puissance : conclusion
Ces trois notions sont interdépendantes et favorisent une dynamique d’autonomie du client. Le point de vigilance de la part du coach est celui de la mise en place des limites de la protection et de la permission, dans le sens où il est nécessaire de trouver l’équilibre entre les contraintes imposées par la protection (le fait de dire « non ») et la liberté offerte par la permission (le fait de dire « oui »). La puissance est la conséquence positive de cet équilibre parfois délicat à trouver, et l’opportunité pour le client de potentialiser ses ressources intrinsèques.
Références
[1] Lancestre Antoine, Chandezon Gérard, « Introduction », dans : Antoine Lancestre éd., L’analyse transactionnelle. Paris cedex 14, Presses Universitaires de France, « Que sais-je ? », 2021, p. 3-6. URL : https://www-cairn-info.ezpaarse.univ-paris1.fr/—page-3.htm
[2] Alain Cardon, Dictionnaire commenté du coaching, Paris, Groupe Eyrolles, 2009, p. 207.
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