Aujourd'hui, de plus en plus d'ouvrages traitent du HPI sous différentes dénominations. L’effet de mode aidant, les recherches se bousculent… et les chercheurs aussi. Devant la quantité de modèles qui tantôt se complètent, tantôt se contredisent, que penser ? Comment accompagner les HPI sans leur rajouter un problème de port d'étiquette, ni les enfermer dans une nouvelle caricature ? Réponse dans cet article en deux temps.
Le coaching HPI n’est pas si différent de l’accompagnement des personnes non HPI, dans le sens où il s’agit avant tout de permettre à la personne de se réaligner avec ses valeurs, ses besoins, son environnement, et de challenger ses croyances et ses limites. Sur le papier, rien de nouveau. MAIS…
Accompagner les HPI
Je pense qu’il est nécessaire de garder à l’esprit plusieurs points lorsqu’on accompagne une personne HPI :
- Avoir une connaissance des problématiques récurrentes est généralement un bon point d’entrée ;
- Comprendre son mode de fonctionnement permet à la personne d’évoluer à sa manière, en mode divergence-convergence, en créant des liens parfois imperceptibles et à son rythme, parfois en prenant des raccourcis ;
- La posture du coach sera primordiale pour le succès de l’accompagnement : accueil de la personne dans sa singularité, dans son rythme, dans sa complexité ; posture basse sur le contenu, humilité, non jugement…
L’individu HPI fonctionne par pensée complexe. Il sera donc parfois très difficile d’isoler une problématique de tous les éléments de contexte dans lesquels elle s’inscrit. Les problématiques professionnelles et personnelles peuvent être intimement liées. Il sera alors dommageable pour le coaché d’essayer d’isoler l’objectif trop finement, ignorant les différents liens qui peuvent se créer entre toutes les composantes de son système. Lui permettre de poser sur en séance son système complet avec une réflexion tantôt très globale, tantôt très ciblée, sera parfois utile (un créneau d’une heure peut être jugé insuffisant).
La pensée complexe, c’est d’abord une pensée qui relie. C’est le sens le plus proche du terme latin complexus « qui est tissé ensemble ». Cela veut dire que par opposition aux modes de pensée rationnels, qui découpent les champs de connaissances en disciplines et les compartimentent, la pensée complexe est un mode de reliance. Elle est donc contre l’isolement des objets de connaissance, et les restitue dans leur contexte et si possible dans la globalité donc ils font partie. Edgar Morin.
La posture du coach en coaching HPI
Si la posture du coach est généralement haute sur le cadre avec une personne neurotypique, il sera intéressant de faire monter le coaché HPI sur le petit vélo, pour qu’il devienne acteur du processus de coaching. Il en tirera ainsi des méta-apprentissages qui favoriseront son avancement dans les espaces entre les séances, et son autonomie à terme.
Une posture d’humilité sera d’importance, d’autant que de nombreux HPI n’acceptent pas – voire rejettent – l’autorité de statut. Le simple titre de Coach ne sera pas un critère suffisant pour le HPI pour vous accorder sa confiance dans la plupart des cas. Il reste primordial de ne pas imprimer vos systèmes de croyances et vos représentations sur l’objectif et les capacités de votre client, au risque de le perdre.
Dans tous les cas, et notamment dans le cadre d’une demande de compréhension identitaire et ontologique, il sera intéressant de recentrer et challenger l’individu HPI sur ses valeurs, ses besoins, ses envies, ses passions, et ce indépendamment de son environnement et des personnes qui la composent. Le HPI peut en effet avoir une féroce empathie qui l’encourage à se mettre en arrière-plan par rapport à tous les autres, et à s’oublier dans l’équation. Une demande cachée de la personne peut apparaître : obtenir une autorisation à s’accepter, à être, à s’affirmer dans son environnement, ou à s’en émanciper.
Quelques tuyaux pour un coaching HPI de bonne qualité
Les silences
Le HPI – même s’il est rapide – peut avoir des temps de réflexion assez longs par la quantité d’informations qu’il traite et la quantité de liens qu’il crée entre différents domaines. Ainsi, les silences seront peut-être parfois très longs, mais la quantité d’informations et d’insights chez le client seront monumentales. Il sera alors intéressant de se référer aux accès oculaires (un petit peu comme quand on regarde le curseur d’une souris tourner pendant que l’ordinateur est en train de travailler).
L’étiquette
En phase de travail identitaire, il peut être intéressant d’avoir quelques clefs de lectures, notamment avec des tests de personnalité (Process Communication / MBTI / Spirale dynamique / Ennéagramme) ou autres bilans (HPI / Hypersensibilité). Il sera important de ne pas enfermer le client dans d’autres étiquettes, mais bien de lui permettre de prendre de la hauteur, de toucher à sa singularité, de se reconnecter à ses besoins, à son fonctionnement, et prendre conscience de sa capacité de résilience, de rebond, et de ses leviers d’action.
La durée du processus
Je suis accompagné au quotidien par cette phrase d’Hafida Elmesbahi, qui nous a dit lors de la formation Devenir Coach Consultant : « Pour un HPI, l’objectif de l’accompagnement sera parfois simplement de trouver et clarifier son objectif. Une fois qu’il sera trouvé, il sera atteint ». Ainsi, le processus dans sa totalité pourra durer seulement 2 séances ; ou au contraire durer 8 séances sur lesquelles on a l’impression que le coaché fait du sur-place, et voir l’ensemble se débloquer dans les dernières minutes du processus.
Les outils
Le HPI aime comprendre, le HPI aime créer. Nos beaux outils de coachs seront parfois malmenés, contournés, remodelés. C’est généralement OK, c’est parce que le client est en train de se les approprier pour en tirer davantage de valeur. Vous pouvez le challenger dans sa créativité en l’invitant à compléter l’outil selon ses besoins, et le dérouler avec vous. Les résultats sont souvent surprenants.
En conclusion : faut-il être HPI pour faire du coaching HPI ?
Faut-il être HPI pour accompagner des HPI ? Pas forcément. C’est avant tout une histoire de confort, de manière dont le client se sent compris et accepté, et peut avancer en fluidité avec son coach.
Et surtout, se rappeler que l’étiquette ne doit pas avoir plus de poids que la personne qui la porte.
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