Dans ce nouvel article de notre série sur l’identité, je vous propose d’aborder la question de la personnalité. Souvent confondues avec l’identité, nous expliquerons ici le rôle de la personnalité avec les structures et les traits de personnalité. Puis, nous expliquerons plus particulièrement la particularité des mécanismes de défenses et du processus de coping, tout deux des éléments propres à la personnalité. Enfin, nous aborderons le moyen de quantifier notre personnalité avec des outils comme le BFI-FR.
1) Identité, structure et traits de personnalité
La personnalité est un ensemble de caractéristiques qui influence notre cognition (pensées), nos motivations et nos comportements dans diverses situations. La personnalité selon Gardner est le fait de se conformer aux normes sociales, ce qui entraîne une adaptation de l’individu vis-à-vis de la société. Lorsqu’on parle de personnalité, on se réfère aux notions de structure et de traits de personnalité (Lepage-Voyer et Al., 2019).
La structure de la personnalité représente l’agencement de diverses fonctions mentales chez l’individu (Lingiardi & McWilliams, 2017). On distingue dans la littérature deux types majeurs des structures de la personnalité : les personnalités « normales » et « pathologiques ».
Les personnalités pathologiques
Nous accentuerons notre réflexion sur les personnalités pathologique. Les personnalités pathologiques admettent des individus avec un diagnostic de troubles de la personnalité, c’est-à-dire qu’il y a une déviation quantitative des traits de personnalité dite normale. Ici, ce sont les traits de caractères qui remplacent les symptômes. On identifie en règle général trois types de structures de personnalités pathologiques majeurs :
- névrotique (hystérie, obsessionnel, phobique, d’angoisse)
- psychotique (autisme, schizophrénie, sénilité)
- personnalité limite (borderline, narcissique, paranoïde, anti-social, passif-agressif).
Distinguer les structures
Pour distinguer ces structures de personnalité, il existe trois critères fondamentaux :
- Le degré d’intégration de l’identité est la capacité à reconnaître les limites entre soi et autrui, ainsi qu’au fait d’être soi-même de façon constante a travers le temps et les situations (Kernberg et Al., 2000).
- Les mécanismes de défense sont des opérations inconscientes permettant à l’individu de se protéger face à des conflits internes ou externes et à des facteurs de stress (Andrews et Al., 1993 ; Bonsack et Al., 1998 ; Laplanche et Pontalis, 2007).
- La fonction d’épreuve de la réalité s’attarde sur la distinction entre projections de l’individu (réalité interne) et ce qui correspond, appartient à autrui (réalité externe) (Kernberg, 2004).
En bref
Les traits de personnalité sont des caractéristiques propres à chacun et qui rendent compte de l’organisation mentale des individus (Lepage et Al., 2019). Ils correspondent au mode de fonctionnement de l’individu à percevoir et réagir aux évènements de manière spécifique (Zuckerman, 1991), ce qui admet des phases de désorganisation et de réorganisation (Emmanuelli et Azoulay, 2012). Ces traits de personnalité reposent sur notre passé et s’expriment de différentes intensités.
C’est la manifestation de certains traits inadaptée à une souffrance personnelle et une altération dans l’agir de l’individu qui permet de distinguer une personnalité normale, d’une personnalité pathologique (APA, 2015 ; Cramer, 1999 ; Sinha et Watson, 2004 ; Lepage et Al., 2019). Nous soutenons l’idée que la personnalité est un processus dynamique qui s’effectue toute notre vie et évolue à différentes intensités selon les situations et sous certaines conditions comme par exemple l’apprentissage.
Tous ces éléments sont importants pour tout professionnel dans l’accompagnement en leur permettant d’identifier les structures et les traits de personnalité de ces patients. Nous accentuerons notre recherche sur les mécanismes de défenses et le coping, tout deux des éléments majeurs de la personnalité.
2) Les mécanismes de défense et Coping
Nous verrons dans cette partie ce que sont les mécanismes de défenses, nous continuerons notre réflexion là-dessus pour aboutir au concept de coping et nous présenterons la principale différence entre ces deux notions.
Les mécanismes de défenses sont les moyens que l’individu privilégie pour réagir face à ces émotions et pensées qui admettent une souffrance personnelle (Di Giuseppe et Al., 2014). Ces mécanismes agissent donc comme une réaction de l’individu face aux situations anxiogènes. Cependant, ces mécanismes sont considérés comme inconscient (Laplanche et Pontalis, 2007) et peuvent donc nuire au fonctionnement de l’individu comme son équilibre émotionnel ou sa perception de la réalité externe (Ruuttu et al., 2006). Il est donc tout à fait envisageable d’avoir des mécanismes dits pathologique dans la mesure ou le recours à ces derniers s’effectuent de manière inadaptée à la situation réelle (Cramer, 1999 ; Perry et Al., 2009). Dans ce cas, la capacité d’adaptation de l’individu à faire face aux conflits intrapersonnel (avec soi-même) se retrouve altérée (Perry et Al., 2009).
L’utilisation des mécanismes de défense
L’utilisation de tel ou tel mécanisme permet de déterminer la structure de personnalité des individus (Kernberg, 2004). En effet, un individu avec une structure de personnalité névrotique emploiera le refoulement comme mode principal de défense. Alors qu’à l’inverse, une structure psychotique utilisera plutôt la projection, le délire, le déni d’une réalité objective. Les individus avec une structure limitée auront des mécanismes de défense proche de ceux psychotiques.
Comme nous l’avons dit précédemment, ces mécanismes de défenses sont inconscient, il est donc difficile d’avoir un impact dessus. Cependant, il existe la notion de Coping qui touche aussi la personnalité et qui, elle, est un processus conscient et volontaire (Callahan et Chabrol, 2013). Ce coping ou stratégies d’ajustement est décrit par Lazarus (1984) comme « l’ensemble des efforts cognitifs et comportementaux destinés à maîtriser, à réduire ou tolérer les exigences internes ou externes qui menacent ou dépassent les ressources de l’individu ».
Les dimensions du coping
Il existe, selon Ionescu (2020), quatre dimensions et utilisations principales du coping. Le coping…
- visant la régulation de la détresse émotionnelle.
- centré sur le problème qui se trouve être à l’origine de la détresse humaine.
- visant une réduction de la tension émotionnelle.
- vigilant visant à affronter la situation pour la résoudre.
Pour faire face à certains conflit intrapersonnels, le coping associé à l’empowerment permet une régulation émotionnelle agissant sur notre intentionnalité. L’empowerment désigne le pouvoir d’agir et d’action. C’est un processus d’apprentissage dynamique durant lequel un individu développe des capacités, des compétences, et lui permet ainsi de prendre des initiatives et d’avoir un meilleur contrôle sur sa vie et son environnement (Leroux et Barthod-Prothade, 2017 ; Morin et al. 2009).
3) Une quantification de la personnalité avec le BFI-FR
Nous présenterons ici une quantification de la personnalité avec notamment l’outil BFI-FR qui présente une très bonne véracité scientifique et acceptation dans l’évaluation de celle-ci.
Comme nous l’avons expliqué précédemment, la personnalité développe notre capacité d’adaptation à notre environnement, ce qui en fait une variables explicatives des différents troubles qui peuvent survenir chez l’individu. Ainsi, les éléments associés à une structure de personnalité normal ou pathologique apparaissent comme des variations significatives dans l’évaluation de la personnalité. Des modèles comme le BIG FIVE ont vu le jour pour décrire ces différentes structures de personnalité. Ils permettent notamment d’orienter l’individu en situation de conflit ou de trouble intra-interpersonnel vers une forme d’accompagnement adapté à son diagnostic. Aujourd’hui, il existe le BFI-FR que nous verrons plus en détails.
Le big five en français
Le BFI-FR est la version française, traduite et validée scientifiquement par John et Al (2010), du modèle des Big Five ou Big Five Inventory (BFI). Ce questionnaire peut-être mis en place autant comme un auto questionnaire, qu’une hétéro-évaluation mené par des chercheurs, cliniciens ou tout acteurs dans le domaine de l’accompagnement. Les grandes dimensions de la personnalité présentées dans le BFI-FR sont :
– E (Extraversion, Energie, Enthousiasme) ;
– A (Agréabilité, Altruisme, Affection) ;
– C (Conscience, Contrôle, Contrainte) ;
– N (Emotions Négatives, Névrosisme, Nervosité) ;
– O (Ouverture, Originalité, Ouverture d’esprit).
En bref
La particularité du BFI-FR est son temps de passation court (- de 10mn), sa facilité de compréhension. À l’inverse de test comme le NEO-PI-R, qui est issue aussi de la théorie des Big Five, ce dernier est aussi accessible en français et permet une évaluation bien plus approfondie de la personnalité (30 facettes). Cependant, il est important de dire que le BFI comporte en moyenne neuf items (questions) par dimension, tandis que le NEO-PI-R en comporte 48 par dimension, ce qui en fait un test certes plus approfondis, mais beaucoup plus long.
Nos deux derniers podcast :
🎧 #13 Coach et formateur professionnel avec Emmanuel Porte
🎧 #12 Coaching et HPI avec Loïc Salvado
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Notre série SHORTS
SHORTS#5 Le stress, qu’est-ce que c’est ?
SHORTS#4 Le coaching et l’analyse transactionnelle
SHORTS#3 Les outils du coaching professionnel
SHORTS#2 L’approche centrée sur la personne
SHORTS#1 Le coaching professionnel, c’est quoi ?
Pour aller plus loin sur le concept de personnalité
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