L’empathie serait la capacité à comprendre et à ressentir les expériences des autres, mais comment ça marche ? Venez, on vous explique !
En neurosciences, on tente d’expliquer les processus émotionnels et cognitifs qui interviennent dans les mécanismes empathiques. Étudier l’empathie représente aussi un enjeu pour la psychologie clinique, car elle permettrait de comprendre certaines pathologies cérébrales. En psychologie du travail, elle serait l’une des variables les plus pertinentes à prendre en compte pour instaurer un climat de travail propice au bien-être et à la performance. Dans ce premier article sur ce thème, nous chercherons à comprendre ce qu’est l’empathie au travers des différents domaines de la psychologie.
C’est quoi, l’empathie ?
Un peu d’étymologie…
Au premier abord, l’empathie est la capacité d’une personne à ressentir de l’intérieur. Le préfixe « em– » exprime l’intériorité et la base du mot « –pathie » renvoie au fait de ressentir.
L’empathie dans les champs de la psychologie
En psychologie clinique, l’empathie est considérée comme étant un mode de connaissance intuitive d’autrui, qui repose sur la capacité à partager et même à éprouver les sentiments de l’autre (Guedon & Bernaud, 2008, p.2). Selon les auteurs, l’empathie serait un trait de personnalité, une disposition, plus ou moins stable, chez les individus (Hoffman, 1982 ; Danish & Kagan, 1971 ; cité dans Bernard & Guedon, 2008, p.3).
En psychologie sociale, l’empathie se définit comme étant « la transposition imaginaire de soi dans la pensée, les affects et les actions de l’autre ».
Avec l’avancée des recherches en psychologie, notamment grâce aux travaux de Piaget, le principe de décentration est introduit dans les mécanismes pouvant expliquer le fonctionnement de l’empathie. La décentration est lorsqu’un individu se met à la place de l’autre en adoptant son point de vue.
Ainsi, dans l’empathie, on retrouve une dimension émotionnelle, avec un observateur qui ressent les émotions d’un objet ; et une dimension cognitive utilisée par l’observateur qui va attribuer des états mentaux à autrui. Ces états mentaux étant différents des siens.
En psychologie du travail, l’empathie est la « perception, par un acteur ou par un groupe, de l’intensité et de la diversité des conduites et des actions entreprises par une organisation, afin de comprendre efficacement les émotions et le fonctionnement psychologique des salariés, des équipes de travail et des partenaires de l’organisation » (Guédon & Bernaud al., 2008).
Différentes théories sur l’empathie
Les études peuvent se contredire, il existe encore des zones d’ombre qui ne sont pas expliquées.
Ainsi, vous vous demandez sûrement comment une émotion passe d’une personne à une autre ? C’est ce que l’on appelle le phénomène de contagion émotionnelle : il intervient lorsqu’une personne observe une autre personne vivre une émotion, et par effet de contagion, l’observateur se mettrait à ressentir cette même émotion.
Pour aller plus loin, l’empathie serait possible, car on imiterait le comportement de ce qui est observé, notamment les expressions du visage, nous renvoyons à la théorie de la simulation. Cet effet d’imitation des expressions est l’effet caméléon. En voyant une personne ressentir une émotion, cela activerait automatiquement les représentations que nous avons intériorisées de cette émotion (Narme & al., 2010). C’est ce processus d’imitation qui nous aiderait à accéder aux émotions des autres.
Pour comprendre l’autre, lorsqu’il vit une émotion, et faire des déductions sur ce qu’il ressent, demande de posséder des connaissances sur les émotions et les comportements. Dans leur article, Narme et collaborateurs (2010) font le parallèle avec la théorie de l’esprit issue des sciences cognitives. Cette théorie explique que les humains auraient des aptitudes pour expliquer les actions d’autrui en supposant dans quel état mental autrui se trouverait.
À cela, on peut ajouter que les individus seraient capables de faire la distinction entre leurs propres états et ceux des autres. C’est être capable d’adopter la perspective d’autrui. Dans les théories de l’impression, établies par Solomon Asch dans les années quarante. C’est ce que l’on appelle faire des inférences émotionnelles.
Vers une définition de l’empathie
L’empathie serait lorsqu’un observateur ressent l’émotion d’une autre personne. Pour que ce soit considéré comme de l’empathie, l’observateur doit être sûr que cette émotion ne provient pas de lui et qu’elle appartient à quelqu’un d’autre. L’émotion ressentie doit ressembler à celle d’autrui.
À partir de ce postulat, on remarque qu’il y a une dimension émotionnelle et cognitive dans l’empathie. L’empathie émotionnelle est possible grâce au système d’imitation qui permettrait la propagation de l’émotion. C’est ce qu’on a appelé la contagion émotionnelle. D’ailleurs, la recherche en neurosciences envisage la possible implication des neurones miroirs dans ce processus. L’empathie cognitive, quant à elle, elle se distingue de l’empathie émotionnelle par la capacité des individus à faire des inférences émotionnelles, tout en ayant cette capacité à séparer leurs propres états mentaux de ceux d’autrui. On ne retrouve pas les dimensions d’imitation comme dans l’empathie émotionnelle.
Conclusion
En sciences sociales, cette habileté à reconnaître et à comprendre les états d’autrui est essentielle dans les interactions. Cela explique pourquoi les sciences de gestion et la psychologie du travail portent un intérêt particulier envers l’empathie.
Si vous souhaitez en savoir plus, je vous invite à aller lire l’article de Narme et collaborateurs (2010). Il est très riche en informations et en explications ! On se retrouve la semaine prochaine avec les intérêts de l’usage de l’empathie dans le monde professionnel. En attendant, prenez soin de vous !
Bibliographie
Bernaud, J.-L., Guedon, D., Pari, P., & Lemonnier, C. (2016). Empathie organisationnelle, soutien organisationnel perçu et efficacité des équipes de travail dans l’industrie nucléaire. Psychologie du Travail et des Organisations, 22(4), 232‑241. https://doi.org/10.1016/j.pto.2016.10.003
Narme, P., Mouras, H., Loas, G., Krystkowiak, P., Roussel, M., Boucart, M. & Godefroy, O. (2010). Vers une approche neuropsychologique de l’empathie. Revue de neuropsychologie, 2, 292-298. https://doi-org.sid2nomade-2.grenet.fr/10.1684/nrp.2010.0098
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