Le syndrome de l’imposteur est un sujet dont le grand public s’est emparé. Il est difficile de reconnaître les informations fiables. On en parle ici !
Le syndrome de l’imposteur est un phénomène psychologique qui touche de nombreuses personnes, et ce, dans plusieurs domaines. Ce syndrome se caractérise par un sentiment persistant de doute et de peur d’être exposé comme étant un « imposteur », malgré les preuves évidentes de compétence et de réussite. Il a été identifié pour la première fois par les psychologues Pauline Clance et Suzanne Imes dans les années soixante-dix, grâce à une étude sur des femmes à succès (1978).
Le syndrome de l’imposteur est un sujet dont le grand public s’est emparé (Bonnetto & Perrier, 2023). Ainsi, il est difficile de savoir quelles sont les informations fiables et valides. Bonetto et Perrier (2023) proposent une définition et une revue de la littérature expliquant les tenants et les aboutissants du syndrome de l’imposteur. À travers cet article, ils nous proposent d’explorer le sujet pour savoir ce qui découle vraiment de ce syndrome. On vous explique tout ça ici !
Le syndrome de l’imposteur n’est pas un trouble, et il n’est donc pas répertorié dans le DSM-V. Il est estimé que 62 à 70 % * des personnes ont rencontré cette difficulté au moins une fois dans leur vie (Bonnetto & Perrier, 2023).
1. Le processus du syndrome de l’imposteur
Le syndrome de l’imposteur est lié à des traits individuels de personnalité et des facteurs psychosociaux. Ainsi, les études sur ce sujet sont diverses. Effectivement, il existe différentes explications de son apparition, avec des niveaux de complexité variable (Bonnetto & Perrier, 2023).
1.1. L’art du dressage du symptôme de l’imposteur
Le syndrome de l’imposteur peut être dû à l’apprentissage et au conditionnement selon les modèles cognitivo-comportementaux (Chassangre & Callhan, 2017). Il prend donc naissance, la plupart du temps, au sein des dynamiques familiales. Voici quelques-unes de ces dynamiques qui peuvent expliquer son apparition (Chassangre & Callhan, 2017) :
-
- L’existence d’un décalage entre l’image véhiculée dans la famille et l’image externe au cercle familial ;
- La valorisation excessive de l’intelligence, créant la croyance chez l’enfant que pour être accepté, il doit être intelligent ;
- L’environnement compétitif avec des évaluations continues ;
- La non-mise en avant des qualités chez l’enfant ;
1.2. Un prototype du syndrome de l’imposteur
Dans leur article, Chassangre et Callhan (2017), expliquent qu’il existerait un profil type des personnes souffrant du syndrome de l’imposteur. Souvent, ce sont des personnes introverties qui ont du mal à recevoir les compliments, elles sous-évaluent leur capacité et surestiment celle des autres. Elles définissent la valeur d’un individu à la hauteur de son intelligence et sont caractérisées par de l’anxiété-trait. Elles craignent les situations d’évaluation et l’échec. Lorsqu’elles réussissent, elles culpabilisent pensant ne pas le mériter. Dans leur quotidien, lorsqu’on leur demande de faire quelque chose, elles perpétuent la répétition de schémas handicapants (voir cycle de l’imposteur).
1.3. Symptômes du syndrome de l’imposteur
Plusieurs facteurs peuvent contribuer au développement du syndrome de l’imposteur chez les travailleurs. Parmi ceux-ci, on retrouve notamment :
-
- Les attentes élevées : les individus qui se fixent des normes irréalistes ou qui sont soumis à des attentes élevées de la part de leur entourage professionnel sont plus susceptibles de développer le syndrome de l’imposteur. Ils ont tendance à craindre de ne pas être à la hauteur de ces attentes et à douter de leurs propres capacités.
- Le perfectionnisme : le perfectionnisme est souvent associé au syndrome de l’imposteur. Les perfectionnistes ont tendance à se fixer des objectifs très élevés et à être très autocritiques envers eux-mêmes. Ils sont généralement préoccupés par la peur de l’échec et craignent d’être jugés négativement par les autres.
- Les comparaisons sociales : les individus qui se comparent fréquemment aux autres sont également plus susceptibles de développer le syndrome de l’imposteur. Ils ont tendance à surestimer les réussites des autres tout en sous-estimant les leurs, ce qui renforce leur sentiment d’être un imposteur.
- Les stéréotypes de genre : les stéréotypes de genre peuvent également jouer un rôle dans le développement du syndrome de l’imposteur. Les femmes, par exemple, sont souvent confrontées à des attentes sociales différentes de celles des hommes en ce qui concerne leurs performances professionnelles. Elles sont plus susceptibles de douter de leurs compétences et de leur légitimité dans des domaines traditionnellement masculins. (propos à nuancer, voir dernière partie)
Holmes et collaborateurs en 1993 ont créé une liste de critères récapitulative les symptômes de SI. C’est une liste de quinze critères. Pour qu’une personne soit définie comme étant une personne avec un syndrome de l’imposteur, elle doit répondre à au moins cinq de ces critères (voir lien de leur article).
1.4. Le cycle de l’imposteur : une stratégie de handicap
Le cycle de l’imposteur (Clance, 1985, cité dans Chassangre & Callhan, 2017) commence lorsqu’une personne doit commencer une nouvelle activité, qu’elle lui soit familière ou non. Cette demande déclenche des cognitions négatives qui sont dues à une faible perception des capacités (stress, pensées et émotions négatives). Pour réaliser cette activité, la personne va adopter un certain comportement : soit procrastiner, soit travailler plus que de raison. Souvent, les résultats des activités sont positifs, mais la personne attribue sa réussite, soit à la chance soit à ses efforts. Néanmoins, peu importe le type d’attribution qu’elle réalise, elle finit toujours par se dénigrer en refusant d’accepter les retours positifs, car elle a l’impression de leurrer son entourage et de n’être qu’une mascarade. Naturellement, la personne perçoit un faible sentiment d’auto-efficacité, nourrissant son sentiment d’incapacité pour les prochaines activités.
Ce fonctionnement est semblable à celui de l’anxiété de performance.
2. Soigner le syndrome de l’imposteur
Les personnes avec le SI ont recours à un processus de comparaison sociale inadapté. Pour diminuer l’impact du SI, les recherches font consensus quant au fait qu’il faille d’abord travailler sur les caractéristiques personnelles pour agir, par effet papillon, sur l’environnement (Bonnetto & Perrier, 2023). Il est préconisé de faire des thérapies de groupe pour sortir de sa solitude, remettre en question les paradoxes qui font qu’une personne se sent comme une imposture (ex : avoir beaucoup d’ambition, mais aussi peur de réussir/culpabilité quand elle réussit ; gros objectifs, mais des difficultés à les réaliser) (Chassangre & Callhan, 2017). L’idée est d’apporter de la compréhension et des stratégies d’adaptation pour que les individus puissent dealer avec les effets du SI.
3. Les rumeurs sur le syndrome de l’imposteur
Dans une revue systématique, Bravata et collaborateurs (2020), ont investigué la littérature sur le syndrome de l’imposteur. Le but étant de discerner le vrai du faux, entre ce que l’on peut trouver dans les articles grand public et les articles scientifiques.
Pendant très longtemps, un effet de genre était présent dans la littérature, mais des études ont montré que ce n’était pas le cas. Par conséquent, le syndrome de l’imposteur ne touche pas plus les femmes que les hommes. Bravata et collaborateurs, (2020) expliquent ce biais par la dominance des études princeps sur ce sujet, que sur les femmes. En revanche, le fait d’appartenir à un groupe social ou d’avoir une culture différente peut renforcer l’apparition du SI.
Ensuite, il est très souvent admis que les effets du syndrome de l’imposteur diminuent avec l’âge, or certaines études montrent que oui, d’autre non. C’est encore ambivalent.
Enfin, est-ce que le SI serait le signe d’être une personne anxieuse et/ou susceptible d’être dépressive. Selon la revue de littérature de Bravata et collaborateurs, oui.
Alors, est-ce que vous étiez au fait sur le phénomène de l’imposteur ou avez-vous appris de nouvelles choses ? N’hésitez pas à me partager votre opinion en commentaire ou sur le post de Linkup sur LinkedIn. On se retrouve pour le prochain article, prenez soin de vous.
*Les chiffres sont à prendre avec des pincettes, car il y a des variations dans les estimations explicables par la validité du matériel de mesure et de la fiabilité de ce qui est mesuré.
Bibliographie
Bravata, D. M., Watts, S. A., Keefer, A. L., Madhusudhan, D. K., Taylor, K. T., Clark, D. M., Nelson, R. S., Cokley, K. O., & Hagg, H. K. (2020). Prevalence, Predictors, and Treatment of Impostor Syndrome : A Systematic Review. Journal of General Internal Medicine, 35(4), 1252‑1275. https://doi.org/10.1007/s11606-019-05364-1
Bonnetto, E., Perrier, Jeanne. (2023, septembre 9). Méritez-vous votre succès ? Le syndrome de l’imposteur et ses conséquences [Text]. In-Mind. https://fr.in-mind.org/fr/article/meritez-vous-votre-succes-le-syndrome-de-limposteur-et-ses-consequences
Clance, P. R., & Imes, S. A. (1978). The imposter phenomenon in high achieving women : Dynamics and therapeutic intervention. Psychotherapy: Theory, Research & Practice, 15(3), 241‑247. https://doi.org/10.1037/h0086006
Holmes, S. W., Kertay, L., Adamson, L. B., Holland, C. L., & Clance, P. R. (1993). Measuring the Impostor Phenomenon : A Comparison of Clance’s IP Scale and Harvey’s I-P Scale. Journal of Personality Assessment, 60(1), 48‑59. https://doi.org/10.1207/s15327752jpa6001_3
« J’ai réussi, j’ai de la chance… je serai démasqué » : Revue de littérature du syndrome de l’imposteur. (2017). Pratiques Psychologiques, 23(2), 97‑110. https://doi.org/10.1016/j.prps.2017.01.001
Comment développer son activité de coach :
On en parle dans cet article sur comment devenir coach professionnel en détails.
Retrouvez plus de contenu similaire par ici :
Toutes les recherches des Alumni Linkup et des membres du département R&D dans les numéros de la Revue Linkup. Le dernier numéro est paru en avril 2023 et vous pouvez le retrouver en cliquant ici.
Formations coaching et coaching & gestion du stress
Formez-vous au coaching professionnel
Les 3 derniers épisodes du podcast Linkup
17 Développer son activité de coach
18 Développer un réseau international de coachs
19 Gérer l’équilibre pro et perso
Commentaires