Stratégies de coping, quels impacts sur l’individu ?

Stratégies de coping, quels impacts sur l’individu ?

Cette série d’article s’attarde sur le concept de coping. Elle montre comment ce concept est rattaché aux concepts d’adaptation et de réaction face au stress avec, notamment, son approche transactionnelle.

Précédemment, nous avons abordé les différentes stratégies de coping. Nous constatons qu’il y a celles centrées sur la résolution du problème et celles visant à réguler ses émotions. L’individu emploie tout un ensemble de stratégies comportementales qui peuvent être plus ou moins effectives, voir même problématique pour l’individu. En effet, la mise en place de certaines stratégies plutôt que d’autres peut avoir des répercussions autant sur le court, que le long terme.

Dans ce troisième article, nous verrons plus en détails les différents type d’impacts que peuvent avoir les stratégies de coping. Plus particulièrement, nous accentuerons notre réflexion sur l’impact de ces stratégies sur le stress, un des fondements majeurs à de nombreux risques psycho-sociaux (RPS).

Stratégies de coping, quelles répercussions sur l’individu ?

Les dimensions du coping

Nous venons de voir en détails les différents type de stratégies centrés sur le problème ou les émotions. Les premières cherchent à résoudre le problème, alors que les secondes tendent à réguler son stress et sa détresse émotionnelle. Il existe même selon Ionescu (2020), quatre dimensions et utilisations principales du coping :

– Celui visant la régulation de la détresse émotionnelle.

– Le coping centré sur le problème qui se trouve être à l’origine de la détresse humaine.

– Le coping visant une réduction de la tension émotionnelle.

– Enfin, le coping vigilant visant à affronter la situation pour la résoudre.

Certaines de ces stratégies sont plus aptes à conduire l’individu vers la résolution de leur problème ou encore vers des stratégies plus efficaces. Tandis que d’autres comme l’évitement, la distraction ou l’auto-culpabilisation ne risquent pas de faire avancer la situation de l’individu ou de provoquer de réels changements bénéfiques sur le long terme. Dans cette seconde partie, nous verrons plus en détails les répercussions des différents type de stratégies sur : l’estime de soi et la confiance en soi ; la détresse psychologique.

Les impacts des stratégies de coping

Une des répercussions intéressantes à noter se trouve dans l’utilisation de certaines stratégies de coping qui montrent un certain niveau d’estime de soi (Muller et Spitz, 2003). La notion d’estime de soi peut se décrire comme l’évaluation que nous pouvons faire de nous-même (Marc, 2016). L’estime de soi est décrite comme une facette de notre personnalité qui peut être associée aussi à la mise en place de stratégie de coping « dispositionnelles » (Rosenberg, 1965 ; Muller et Spitz, 2003). Il apparaît que les individus qui présentent une forte estime de soi emploient de préférence des stratégies de coping comme l’humour, le coping actif et l’acceptation. À l’inverse, les personnes qui s’évaluent avec un faible niveau d’estime de soi utilisent plutôt le blâme, le désengagement comportemental et le déni (Muller et Spitz, 2003).

Toujours dans les répercussions sur le soi de l’individu, la confiance en soi possède elle aussi un lien avec le coping (Bandura, 1997). On constate que les individus avec un niveau élevé de confiance en soi vont poursuivre leurs efforts afin de faire face à la situation. Alors qu’avec un faible niveau de confiance en soi, l’individu utilisera plutôt des stratégies d’évitement de la situation (Holohan et al., 1996 ; Ben Sedrine Doghri et al., 2021).

Le lien entre style de coping et détresse psychologique

Le style de coping utilisé possède aussi une forte relation avec la détresse psychologique. En effet, il est déjà montré la relation entre le fait d’avoir recours à des stratégies centrées sur les émotions et la présence d’affects anxieux et ou dépressifs (Rolland, 1998).

Les résultats de Muller et Spitz (2003) vont dans le sens des recherches et font apparaître qu’un faible niveau de détresse psychologique est associé à des stratégies comme le coping actif, l’acceptation et l’humour. Alors qu’à l’inverse, les stratégies corrélées à un fort niveaux de détresse psychologique sont le désengagement comportemental, le déni, le blâme, l’utilisation de substances, la recherche de soutien instrumental et émotionnel (Muller et Spitz, 2003).

Nous détaillerons, plus en détails les liens significatifs entre stratégies de coping et stress.

Stratégie de Coping, l’impact sur le stress

Nous avons montré, précédemment, le lien entre coping et stress avec l’approche transactionnelle du stress de Lazarus et Folkman (1984). Dans ce cadre, le stress perçu va se réaliser lors des évaluations de l’individu entre lui et son environnement. Les stratégies centrées sur le problème peuvent favoriser une évaluation moins menaçante du stresseur. Tandis que, celles sur les émotions vont plutôt être associées à une dramatisation de la situation (Muller et Spitz, 2003).

Le Brief COPE

D’après le Brief COPE, un individu avec niveau élevé de stress perçu fera appel à des stratégies comme : le désengagement comportemental, le blâme, le déni, la religion, l’utilisation de substance, la recherche de soutien instrumental et émotionnel. Les stratégies associées à un faible niveau de stress perçu sont : le coping actif, la planification, l’acceptation, la réinterprétation positive et l’humour (Muller et Spitz, 2003). Les stratégies d’évitement sont plus à même de conduire l’individu vers un trouble de stress. À l’inverse, les individus sont moins assujettis à l’anxiété et à la dépression en employant des stratégies visant la résolution du problème (Terry, 1994 ; Tarquinio, 2022). Cependant, l’efficacité d’une stratégie de coping dépend des caractéristiques de la situation, sa durée et notamment la contrôlabilité vis-à-vis du stresseur (Tarquinio, 2022)

Dans leur étude, Ben Sedrine Doghri et al (2021) recommande d’accompagner la confiance des individus par un management basé sur la reconnaissance tout en prônant l’autonomie et la responsabilité des employés. Ce type de management favorise un sentiment d’auto-efficacité transformant un stress négatif en un stress positif, voir en un état de flow. C’est d’ailleurs ce qui leur a permis de montrer le rôle médiateur du coping entre le stress et le flow. Ces travaux, développés en science de gestion, vont bien dans le sens de nombreuses recherches réalisés en psycho-sociologie (Folkman, 1982 et 1984 ; Koeske et al., 1993 ; Lazarus, 1993 ; Bruchon-Schweitzer et Dantzer, 1994 ; Ben Sedrine Doghri et al., 2021).

Les résultats du Brief COPE

Leurs résultats montrent que les stratégies de coping orienté sur le problème impacteraient plusieurs dimensions du stress comme le contrôle perçu ou encore la perception de débordement. Ces stratégies amènent l’individu vers un plus grand sentiment de contrôle sur soi et de son engagement envers des actions efficaces pour faire évoluer sa situation. Cela se traduit notamment par une absorption cognitive, une dissociation temporelle, un sentiment de bien-être et d’auto-efficacité (Bassi et al., 2007 ; Fenouillet et al., 2014 ; Heutte, 2011 ; Ben Sedrine Doghri et al., 2021). L’individu développera une réflexion et une concentration telle que toute son énergie et ses actions seront focalisées à surmonter la situation menaçante. Ainsi, il pourra en ressortir une satisfaction personnelle si l’évaluation de sa situation est positif.

Il y a deux grands types d’évaluation. Premièrement, l’évaluation primaire consiste en un procédé cognitif et continu de l’individu qui mesure l’intensité de sa situation stressante. Deuxièmement, l’évaluation secondaire s’attarde plutôt sur les ressources pour y faire face (Ben Sedrine Doghri et al., 2021). Toute évolution entre l’individu et son environnement peuvent l’amener à réévaluer sa situation et ses ressources disponibles.

Certains auteurs recommandent d’analyser les variables intermédiaires au coping afin de mieux comprendre les mécanismes de transfert qui s’opère entre cet état de flow et le stress perçu. Ce type de recherches permettrait notamment d’approfondir la relation entre coping et certain RPS.

Conclusion

Les stratégies fonctionnelles sont liés à une bonne estime de soi, peu de stress perçu et peu de souffrance psychologique. Tandis qu’à l’inverse, les stratégies dysfonctionnelles iraient dans le sens d’une faible estime de soi, du stress perçu et de la détresse psychologique.

Certaines stratégies centrées sur le problème auraient un bon impact sur le stress. Plus particulièrement, ces stratégies joueraient un rôle positif dans le contrôle perçu et un lien significatif négatif avec la perception de débordement.

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Bibliographie sur le coping

B-L

Bassi M., Steca P., Delle Fave A. & Caprara G.V. (2007), Academic selfefficacy beliefs and quality of experience in learning, Journal of Youth and Adolescence, vol. 36, n° 3, p. 301-312.

Ben Sedrine Doghri, S., Bouderbala, A. & Ben Hamouda, M. (2021). Du stress au flow : le coping comme variable intermédiaire. Question(s) de management, 31, 29-44. https://doi-org.ezpaarse.univ-paris1.fr/10.3917/qdm.211.0029

Bruchon-Schweitzer M. & Dantzer R. (1994), Introduction à la psychologie de la santé, PUF, Collection : Psychologie d’aujourd’hui, 220 p.

Fenouillet F., Martin-Krumm C., Heutte J. & Besançon M. (2014), An urgent call for change : Flow, motivation and well-being in French School students, 7th European Conference on Positive Psychology (ECPP). Amsterdam, the Netherlands.

Heutte J. (2011), La part du collectif dans la motivation et son impact sur le bien-être comme médiateur de la réussite des étudiants : Complémentarités et contributions entre l’autodétermination, l’auto-efficacité et l’autotélisme, Thèse de doctorat non publiée. Paris Ouest-Nanterre-La Défense (Paris X), Nanterre.

Holohan C. J. & Moos R. H. (1985), Life stress and health : Personality, coping, and family support in stress resistance, Journal of Personality and Social Psychology, n° 49, p.739-747.

Ionescu, S., Jacquet, M., Lhote, C. (2020). Les mécanismes de défense: Théorie et clinique. Paris: Dunod. https://doi.org/10.3917/dunod.serba.2020.01

Koeske G.F., Kirk S.A. & Koeske R.D. (1993), Coping with job stress : which strategies work best ?, Journal of Occupational and Organizational Psychology, vol. 66, n°4, p. 319-335.

Lazarus (Richard).– Coping theory and research : past, present and future, Psychosomatic medicine, 55, 1993, p. 234-247.

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M-Z

Marc, E. (2016). La construction identitaire de l’individu. Dans : Catherine Halpern éd., Identité(s): L’individu, le groupe, la société (pp. 28-36), Auxerre: Éditions Sciences Humaines https://doi.org/10.3917/sh.halpe.2016.01.0028″

Marc, E. (2005) Psychologie de l’identité, Paris, Dunod

Muller, P & Spitz, E. (2003). Évaluation multidimensionnelle du coping: Validation du Brief COPE sur une population française. L’Encéphale, 29 (6), pp.507-518. ffhal-02936831f

Rolland J.P. (1998). Manuel du CISS : adaptation française. Paris : ECPA.

Rosenberg M. (1965). Society and the adolescent self-image. Princeton, NJ : Princeton University Press.

Rosenberg M. (1979). Conceiving the Self. New York. Basic Books.

Tarquinio, C (2022) : Psychologie : le « coping », ou comment nous faisons face aux stress intenses (theconversation.com)

Terry, D. J. (1994). Determinants of coping: The role of stable and situational factors. Journal of Personality and Social Psychology, 66(5), 895–910. https://doi.org/10.1037/0022-3514.66.5.895

Doctorant CIFRE - R&D Linkup Coaching
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