Dans cette nouvelle série, on parle de coping. Le coping, c'est l'ensemble des stratégies qui nous permettent de gérer des situations stressantes ou traumatisantes. L'évitement et la confrontation sont par exemple deux stratégies de coping différentes. Je vous explique tout dans cette nouvelle série 🚀
Dans ce premier article, nous verrons ce que revêt le terme de coping. On parlera de l’impact de la personnalité dans les processus de coping. On verra également la différence entre coping et mécanismes de défenses.
Le coping, qu’est-ce que c’est ?
Le concept de coping est apparu à la fin des années 60. Il est issu de l’étude des mécanismes de défense psychologiques. Il s’inscrit donc dans la continuité des recherches sur les processus d’adaptation et de régulation des émotions (Callahan et Chabrol, 2013 ; Fischer, 2020). Quand on parle de coping, on parle de styles, de réponses et de stratégies de coping (Parker et Endler, 1996 ; Callahan et Chabrol, 2013). Coping fait référence à l’anglicisme « to cope » qui signifie faire face.
Depuis quelques années maintenant les recherches sur le coping se sont accélérées. Certaines recherches mettent l’accent sur la personnalité pour analyser les stratégies de coping (Lazarus et Launier, 1978). D’autres auteurs expliquent que le plus important dans le coping, ce sont plutôt les efforts volontaires et conscients de l’individu. On ne parle plus de personnalité, mais plutôt de la capacité à réguler émotions et comportements afin de surmonter une situation menaçante (Compas et al., 2001 ; Wadsworth et Compas, 2002 ; Fischer, 2020 ; Ben Sedrine Doghri, 2021).
L’approche transactionnelle
Lazarus a grandement participé à l’apparition et aux développement du concept de coping. Avec Folkman (1984), ils définissent le coping comme
« l’ensemble des efforts cognitifs et comportementaux destinés à maîtriser, réduire ou tolérer les exigences internes ou externes qui menacent ou dépassent les ressources d’un individu »
On appelle ça l’approche transactionnelle du stress : le coping comme est un processus dynamique et variable qui permet de s’ajuster à différentes situations (Ben Sedrine Doghri et Al., 2021).
Une stratégie de coping, c’est donc le résultat de l’interaction entre une personne et un environnement stressant. C’est-à-dire : personnalité + ressources internes + ressources externes + environnement. La combinaison de ces variables fait que chaque réponse est presque unique.
Le rôle de la personnalité dans les stratégies de coping
La personnalité, une variable à prendre en compte
La personnalité est un ensemble de caractéristiques qui influence notre cognition, nos motivations et nos comportements dans diverses situations. Lorsqu’on parle de personnalité, on se réfère le plus souvent aux notions de structure et de traits de personnalité (Lepage-Voyer et al., 2019).
Les traits de personnalité correspondent au mode de fonctionnement de chacun par rapport à une situation. Par exemple, si vous êtes mal à l’aise dans des interactions très intenses avec beaucoup de gens, vous êtes sûrement introverti. C’est un trait de personnalité.
La structure de la personnalité est une variable qui permet de comparer à une norme. On définit un spectre structurel « normal » et, relativement, on définit des structures de personnalités plus ou moins pathologiques (APA, 2015 ; Cramer, 1999 ; Sinha et Watson, 2004 ; Lepage et Al., 2019).
Les structures de la personnalité
On identifie en règle général trois types de structures de personnalités pathologiques majeurs :
- névrotique (hystérie, obsessionnel, phobique, d’angoisse)
- psychotique (autisme, schizophrénie, sénilité)
- limite (borderline, narcissique, paranoïde, anti-social, passif-agressif).
Pour distinguer ces structures de personnalité, il existe trois critères fondamentaux :
- Le degré d’intégration de l’identité. C’est la capacité à reconnaître les limites entre soi et autrui, ainsi qu’au fait d’être soi-même de façon constante à travers le temps et les situations (Kernberg et Al., 2000).
- Les mécanismes de défense. Ce sont des opérations inconscientes permettant à l’individu de se protéger face à des conflits internes ou externes et à des facteurs de stress (Andrews et Al., 1993 ; Bonsack et Al., 1998 ; Laplanche et Pontalis, 2007).
- L’épreuve de la réalité. La capacité à distinguer la réalité interne de la réalité externe (Kernberg, 2004).
Coping et mécanismes de défenses
Dans cet article, on va se concentrer sur les mécanismes de défenses et le rapport qu’ils entretiennent avec le coping.
Les mécanismes de défense sont les moyens que l’individu privilégie pour réagir face à des émotions et des pensées qui induisent une souffrance personnelle (Di Giuseppe et Al., 2014). Ces mécanismes agissent donc comme une réaction de l’individu face aux situations anxiogènes. Le déni par exemple est un mécanisme de défense.
Ces mécanismes sont considérés comme inconscients (Laplanche et Pontalis, 2007). S’ils sont une réponse à une agression, ils peuvent également nuire au bon fonctionnement de l’individu. En altérant par exemple l’équilibre émotionnel ou la perception de la réalité (Ruuttu et al., 2006). En ce sens, Il est donc envisageable d’avoir des mécanismes dits pathologique dans la mesure ou le recours à ces derniers s’effectuent de manière inadaptée à la situation réelle (Cramer, 1999 ; Perry et Al., 2009). La paranoïa est un bon exemple d’un mécanisme de défense hors de contrôle et inadapté.
Les mécanismes de défense : stratégies inconscientes
L’utilisation de tel ou tel mécanisme permet de déterminer la structure de personnalité des individus (Kernberg, 2004). En effet, un individu avec une structure de personnalité névrotique emploiera le refoulement comme mode principal de défense. Tandis que, une structure psychotique utilisera plutôt la projection, le délire, le déni d’une réalité objective. Par contre, les individus avec une structure limitée auront des mécanismes de défense proche des psychotiques.
Le coping : stratégies conscientes
À l’inverse des mécanismes de défense inconscients que l’on vient de décrire, il existe des leviers comportementaux propres à la résilience qui interviennent sur la personnalité. Ces mécanismes comportementaux sont conscients. On parle alors de coping ou de stratégie d’ajustement (Rutter, 2007 ; Ponnelle et Al., 2012). Comme nous l’avons dit précédemment, les mécanismes de défenses sont inconscient, il est donc difficile d’avoir un impact dessus. Cependant, la notion de Coping, elle, est un processus conscient et volontaire (Compas et al., 2001 ; Wadsworth et Compas, 2002 ; Callahan et Chabrol, 2013 ; Fischer, 2020 ; Ben Sedrine Doghri, 2021). Il est donc très intéressant de s’appuyer dessus en accompagnement.
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On en parle dans cet article sur comment devenir coach professionnel en détails.
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Bibliographie
A-F
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