La semaine de 4 jours : meilleure invention du monde ? On regarde les résultats des expériences sur cette nouvelle forme d'organisation.
La semaine de 4 jours occupe l’actualité depuis plusieurs mois. La mesure est particulièrement portée par une ONG fondée en 2017 : “4 Day Week Global”. Depuis sa création, elle a mené 4 projets pilotes avec presque 140 entreprises dans 6 pays (Irlande, États-Unis, Canada, Royaume-Uni, Australie, Nouvelle-Zélande). Une autre ONG, Autonomy, a également mené des essais en Islande. Mais c’est aussi une vieille histoire. En 1950, la semaine de 4 jours de 32h a été défendue par de puissants syndicats américains (voir l’histoire de walter reuther, syndicaliste américain qui luttait dans les années 30 pour une semaine de 4 jours et 32h).
Les années 60 et 70 on également été des décennies d’implémentation plutôt massive de la semaine de 4 jours aux États-Unis. Le modèle de management 4 | 40 a été testé dans tous les secteurs. 4 | 40, c’est une “semaine compressée” de 4 jours et 40h (10h/jour).
D’autres acteurs s’y sont essayé ou l’ont proposé, des gouvernements (la Gambie, l’Écosse, l’Espagne, le Japon, la Belgique, la Finlande et la Nouvelle-Zélande) et des entreprises (Microsoft), sans pour autant dépasser le cadre du test malgré des résultats intéressants (voir cet article de The Verge sur l’essai de Microsoft).
Les expériences de semaine de 4 jours de l’ONG 4 Day Week Global
Par leur ampleur, les pilotes de 4 Day Week Global sont de loin la source la plus complète sur la perception de la semaine de 4 jours. Concrètement, ils plaident pour une réduction du temps de travail de 20% (80% de charge effective, soit 1 jour / 5 en moins par semaine) et affirment que cette diminution n’impactera pas la productivité, tout en améliorant grandement le bien-être. L’étude la plus large est le programme anglais, qui a concerné 61 entreprises et presque 3000 salariés, de juin à décembre 2022.
Les résultats Anglais et Australiens confirment largement cette hypothèse, et la plupart des entreprises participantes ont décidé de garder la semaine de 4 jours au-delà du test. Concrètement, les entreprises concernées se retrouvent avec une charge de travail hebdomadaire d’à peu près 36h réparties sur 4 jours (journées de 9h) contre une grosse quarantaine avant implémentation (journées de 10h).
Semaine de 4 jours et 35h
La semaine de 35h est une mesure très associée au marché français depuis la fin des années 90. C’est la fameuse loi Aubry (précédée de la loi RTT en 1999) qui a institué les 35h en France (contre 39h précédemment). Le but de la loi était double :
- Réduire le chômage
- Augmenter le bien-être au travail des salariés (comme 4 Day Week Global)
En complément de la loi, plusieurs mesures prévoyaient d’augmenter le coût des heures supplémentaires afin d’en empêcher le recours massif.
Le changement de majorité en 2002 a mis un terme à ce processus et les heures supplémentaires sont devenues de moins en moins coûteuses avec les années et la succession des gouvernements plus libéraux (on pense notamment à 2007 avec la défiscalisation des heures sup du gouvernement Fillon mais la liste est longue).
Malgré les apparences, le temps de travail hebdomadaire moyen des salariés à temps complet en France n’est donc pas du tout de 35h, mais bien de 39h (et il est stable depuis 2014 cf. Insee & Dares 2021).
Les résultats actuels
Le programme 4 Day Week Global en chiffres
💡 En chiffres :
- Le test dure 6 mois
- la phase de préparation avant le test dure 2 mois
- le test consiste à expérimenter la semaine de travail de 4 jours
- pour participer, les entreprises doivent mettre en place une réduction significative du temps de travail, mais il n’y a pas de volume spécifique requis
- les pré-requis demandent en gros 100% du salaire pour 80% de la charge normale de travail, soit une réduction d’1/5 (donc un jour sur 5) du temps de travail sans modification de salaire.
- (parler des différents modes de déploiement de la mesure) </aside>
Les chiffres varient d’une source à l’autre et ne sont pas toujours présentés de manière précise dans les différents rapports, mais on parle d’une centaine d’entreprises et de 3 à 4000 salariés concernés répartis de la manière suivante en fonction des programmes :
Programme | Entreprises | Salariés |
---|---|---|
UK | 61 | 2900 |
US & Irlande | 33 | 492 |
Australie & NZ | 26 | ? |
Comme l’évoquent de nombreuses sources, le programme UK est la plus grande expérimentation tentée jusqu’ici. La plupart des entreprises concernées sont des PME de moins de 50 salariés dans le secteur des services.
Ce que pensent les employés de la semaine de 4 jours
Voilà les résultats pour les employés :
- 54% des employés se sentent plus productifs
- 38% se sentent moins stressés
- 62% ressentent plus d’émotions positives
- 50% ressentent moins d’émotions négatives
- 50% évoquent une baisse des conflits travail / famille
- 1/3 déclarent faire plus d’exercice physique
- 1/3 des hommes hétérosexuels déclarent également avoir plus contribué aux tâches ménagères (mais c’est un résultat à nuancer cf. Pailhé 2019
Bref, la semaine de 4 jours c’est moins de fatigue, moins de stress, plus de temps pour soi, plus d’émotions positives, moins d’émotions négatives, une meilleure santé.
C’est aussi : une plus grande productivité, moins de turnover, une plus grande QVCT, une meilleure marque employeur, une meilleure capacité à attirer et retenir les talents et même une légère augmentation du CA.
L’impact sur les entreprises
Ce qu’en disent les entreprises :
- 44% de congés maladie en moins
- stabilité du CA (voire légère augmentation de 2%)
- Moitié moins de turnover (57% de moins)
Résultat : 90% des employés et des entreprises veulent continuer la semaine de 4 jours.
Comment bien préparer la réduction du temps de travail ?
Il y a une chose dont personne ne parle dans les articles sur ces programmes. C’est le temps de préparation. 4 Day Week Global prévoit une préparation de 2 mois avec : du coaching, du mentorat et un audit des process.
Cette préparation est fondamentale. Sinon, vous allez augmenter le stress de vos salariés et amener votre entreprise dans le mur. L’inverse des effets attendus.
Les écueils à éviter, qu’on retrouve parfois dans les différents tests des années 70 :
- désorganisation
- perte de productivité
- augmentation de l’intensité du travail
- acceptation de la mesure pas partagée par l’ensemble des acteurs
Pour éviter ces écueils, il faut que la réduction du temps de travail remplisse les 4 facteurs de Hartmann 1977 :
💡 Productivité (impact + très significatif)
Un nombre significatif d’entreprises a déclaré un impact positif sur la productivité. Ce gain en productivité a été la raison première d’adoption de la semaine de 4 jours.
💡 Satisfaction des employés (impact + très significatif)
La satisfaction des employés à augmenter avec l’adoption de la semaine de 4 jours. La satisfaction des employés est également citée comme une raison importante de ne pas revenir en arrière.
💡 Taux d’absentéisme (impact + peu significatif)
Les résultats de l’étude sont peu significatifs mais ils sont positifs. À confirmer avec le reste de la littérature.
💡 Taux de turnover (impact + très peu significatif)
Les résultats de l’étude montre un effet positif même si très peu significatif. À confirmer avec le reste de la littérature.
Autrement dit, sans préparation, la réduction du temps de travail n’engendrera que du stress et des conflits.
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