Sortir des jeux psychologiques grâce au coaching

Sortir des jeux psychologiques grâce au coaching

Le coaching permet de sortir de schémas délétères qui nous freinent. On en parle dans cet article de Thierry Oswald, coach professionnel.

Le coaching est un facilitateur relationnel. Les relations humaines sont souvent le théâtre de jeux psychologiques inconscients, des dynamiques répétitives qui peuvent saper la qualité des interactions et causer des tensions.

Pour un coach, comprendre et démêler ces jeux est essentiel afin d’aider le client à prendre conscience de ce qui se joue dans ses relations. Le triangle dramatique de Steven Karpman et les jeux psychologiques d’Éric Berne fournissent des outils clés pour identifier les rôles de victime, persécuteur et sauveur qui se manifestent dans les schémas relationnels.

Cet article se concentre sur l’application pratique de ces concepts dans le coaching, afin d’aider le client à comprendre les mécanismes qui régissent ses relations et à sortir de ces schémas répétitifs.

Jeux psychologiques et croyances

Les jeux psychologiques, tels que définis par Berne, sont des transactions cachées qui suivent des séquences bien définies dans les relations humaines. Ces jeux reposent sur des croyances sous-jacentes, souvent inconscientes, qui guident les comportements du client. Les croyances de premier ordre influencent directement les comportements, tandis que les croyances de deuxième ordre, plus profondément ancrées, se renforcent à travers les sensations et expériences répétées.

Prenons un exemple de client qui se place souvent en victime dans ses relations professionnelles. Ses croyances initiales (« Je ne peux rien changer » ou « Les autres me nuisent ») déclenchent des comportements passifs ou d’évitement. Ces comportements génèrent des sensations de frustration ou d’impuissance, qui à leur tour renforcent ses croyances de base. Ce cycle crée une circularité des croyances, où chaque interaction renforce les schémas précédents.

Le Triangle dramatique de Karpman

Le triangle dramatique de Karpman est un modèle qui décrit comment les individus peuvent adopter tour à tour les rôles de victime, persécuteur et sauveur dans leurs interactions. Ces rôles ne sont pas fixes et peuvent changer au cours de la relation, créant ainsi une dynamique complexe.

Dans ce cadre, le rôle du coach est d’aider le client à identifier ces rôles dans ses propres relations. Le client doit comprendre qu’il participe à un jeu psychologique où ses croyances et ses comportements alimentent un cycle répétitif.

Croyances de premier et de deuxième ordre

Les croyances de premier ordre influencent directement nos comportements. Elles découlent de nos expériences passées et sont relativement faciles à identifier. Cependant, un mécanisme plus subtil, souvent inconscient, se met en place avec le temps : les croyances de deuxième ordre. Celles-ci se forment à travers un processus circulaire :

  1. Les croyances initiales dictent un comportement.
  2. Ce comportement induit des sensations (émotions, réactions corporelles, etc.).
  3. Ces sensations alimentent et renforcent les croyances existantes ou en génèrent de nouvelles.

Ce mécanisme crée une circularité des croyances, où chaque expérience nourrit la suivante, ancrant davantage les croyances de deuxième ordre. Prenons l’exemple de Claire, une cadre qui, dans ses interactions professionnelles, se retrouve souvent en situation d’échec relationnel avec ses supérieurs. Claire a développé une croyance de premier ordre selon laquelle « elle n’est pas suffisamment compétente pour occuper un poste à responsabilités ».

À chaque nouvelle interaction où elle sent une critique ou un jugement de la part de ses supérieurs, elle adopte une attitude de retrait et d’évitement. Cette réaction, dictée par sa croyance initiale, entraîne une sensation d’anxiété et de frustration, renforçant la perception qu’elle n’est effectivement pas capable d’assumer ses fonctions.

Cependant, au fil du temps, cette croyance de premier ordre s’enracine et devient une croyance de deuxième ordre, plus profonde et plus généralisée : « je suis une personne incompétente en général, peu importe le contexte ». Ce mécanisme verrouille Claire dans une spirale où chaque nouvelle expérience relationnelle ou professionnelle vient nourrir cette croyance, rendant le changement de comportement d’autant plus difficile.

Confirmation comportementale

L’étude de Snyder et Swann

La confirmation comportementale, étudiée par Mark Snyder et Bill Swann, montre comment les croyances d’une personne peuvent influencer les comportements des autres, créant une prophétie autoréalisatrice. Leur étude emblématique portait sur des étudiants masculins engagés dans un concours de rédaction. Voici le protocole expérimental mis en place :

  • Population : des étudiants masculins.
  • Contexte : un concours de rédaction en duels, avec 24 essais chronométrés.
  • Protocole : chaque étudiant avait une « arme sonore » pour distraire l’autre participant. Cette arme avait 6 niveaux de puissance sonore (l’équivalent d’une tondeuse à gazon). Les participants portaient des casques pour ne pas être dérangés par leurs propres attaques.

Le déroulement du concours se faisait en plusieurs étapes :

  1. L’étudiant A utilisait l’arme pendant les tours 1, 2 et 3.
  2. L’étudiant B ripostait lors des tours 4, 5 et 6.
  3. Ce schéma se répétait pendant 24 tours.

Ce qui était crucial dans cette étude, c’est que les chercheurs avaient manipulé les croyances de l’étudiant A à propos de l’étudiant B. A croyait que B était soit très compétitif, agressif, soit très coopératif. Ces attentes influençaient directement la manière dont A utilisait l’arme sonore.

Les résultats de l’étude

Les résultats ont montré que les étudiants censés être compétitifs ou agressifs ripostaient de manière plus intense, tandis que ceux perçus comme coopératifs utilisaient l’arme avec moins d’agressivité. L’étude révèle un phénomène puissant : les croyances peuvent provoquer une confirmation comportementale.

En d’autres termes, les croyances de A, bien qu’attribuées au hasard, ont influencé le comportement de B de manière à renforcer ces croyances. Par exemple :

  • Face à un B perçu comme agressif, A utilisait l’arme à haute intensité 61% du temps.
  • Face à un B perçu comme coopératif, l’intensité élevée était utilisée seulement 28% dutemps.

Dans un deuxième temps, les chercheurs ont retiré l’étudiant A de l’étude et l’ont remplacé par un étudiant C. Qui n’avait aucune information préalable sur B. Ils ont constaté que les comportements agressifs de B persistaient même après le retrait de A. Cela montre que les croyances initiales de A ont non seulement influencé B, mais ont continué à modeler son comportement au-delà de la présence de A.

Ce phénomène est un proche cousin de l’effet Pygmalion, où les attentes d’une personne envers une autre influencent directement son comportement.

Comment le coaching peut aider à sortir des jeux psychologiques

Le premier en coaching est d’amener le client à prendre conscience de ces jeux. Cela peut se faire par une exploration des interactions problématiques que le client vit dans ses relations. En utilisant des outils comme la pleine conscience et l’analyse transactionnelle, le coach peut guider le client vers une meilleure compréhension de ses propres rôles et croyances.

Les stratégies pour aider le client de coaching à sortir de ces dynamiques

  • Développer une pleine conscience des rôles

Le coach peut encourager le client à identifier à quel moment il entre dans l’un des rôles du triangle dramatique (victime, persécuteur, ou sauveur). Cette prise de conscience est la première étape pour interrompre le cycle.

  • Réfléchir aux croyances sous-jacentes

Le coach doit explorer avec le client les croyances de premier et deuxième ordre qui alimentent ces comportements. Par exemple, un client qui se place en victime pourrait avoir une croyance limitante comme « Je ne mérite pas d’être écouté ».

  • Amener le client vers l’état du moi adulte

En analyse transactionnelle, l’état du moi adulte représente la partie rationnelle et objective de l’individu, celle qui est capable de prendre des décisions sans être influencée par des croyances irrationnelles ou des émotions trop fortes. En aidant le client à fonctionner davantage depuis cet état, le coach lui permet de sortir des rôles dysfonctionnels du triangle dramatique.

  • Refuser les invitations aux jeux

Une fois conscient des jeux relationnels, le client peut apprendre à repérer les invitations à jouer et à les refuser. Par exemple, un collègue pourrait tenter d’entraîner le client dans un rôle de victime en le critiquant, mais ce dernier peut choisir de ne pas répondre de manière défensive.

  • Explorer les sensations

Enfin, le coach peut travailler avec le client sur les sensations corporelles et émotionnelles qui accompagnent ces jeux. Ces sensations fournissent souvent des indices sur les croyances sous-jacentes. En étant à l’écoute de son corps, le client peut apprendre à identifier quand il entre dans un jeu psychologique et à s’en détacher.

Pleine conscience, retour réflexif et coaching

Pour sortir de ces dynamiques, il est essentiel que le coach adopte une posture de pleine conscience. Comme l’explique Cécile Dejoux, professeure au CNAM, la pleine conscience est « l’attention au moment présent ». Elle permet de mieux capter les signaux faibles et d’être en relation positive avec son environnement. Contrairement à la méditation, elle peut être appliquée concrètement au travail. En évitant le multitâche, en favorisant l’écoute active et en cultivant un retour réflexif constant.

Le coach doit ainsi :

  • Écouter sans juger les croyances du client.
  • Reconnaître les invitations à entrer dans les jeux psychologiques, notamment lorsqu’un client adopte un rôle du triangle dramatique.
  • Décliner l’invitation en maintenant un état de pleine conscience, en restant dans l’état du moi adulte de l’analyse transactionnelle.

Conclusion

Aider le client à comprendre ce qui se joue dans ses relations nécessite une approche à la fois réflexive et pratique. Grâce à l’analyse transactionnelle le coach peut offrir au client une grille de lecture précieuse de ses jeux psychologiques. En particulier à travers le modèle du triangle dramatique de Karpman.

En parallèle, la pleine conscience, telle que définie par Cécile Dejoux, permet au coach de rester en dehors de ces jeux, en maintenant une posture empathique et non intrusive.

Cette approche permet de guider le client vers une prise de conscience des croyances de premier et deuxième ordre qui influencent ses comportements, et ainsi de l’aider à sortir des dynamiques répétitives pour améliorer ses relations et son bien-être global.

Comment développer son activité de coaching :

On en parle dans cet article sur comment devenir coach professionnel en détails.

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