Introduction Au vu de la littérature sur la résilience, de nombreux débats ont émergés sur les facteurs participants à sa construction (Kone, 2021). Certains facteurs comme les travaux sur la personnalité et l’équilibre personnel permettent de mieux apprécier la mobilisation des concepts de résilience et de coping dans des situations de RPS. D’autres…
Introduction
Au vu de la littérature sur la résilience, de nombreux débats ont émergés sur les facteurs participants à sa construction (Kone, 2021). Certains facteurs comme les travaux sur la personnalité et l’équilibre personnel permettent de mieux apprécier la mobilisation des concepts de résilience et de coping dans des situations de RPS. D’autres facteurs positifs contribuerait à rendre les individus plus résilients comme : le facteur génétique et les facteurs environnementaux
Nous recentrerons principalement sur la résilience étant données que le coping en est le versant adaptatif avec les stratégies de coping. Ici, nous verrons donc particulièrement les facteurs majeurs impactant la résilience, et ceux, que ce soit son côté adaptatif ou de rebond.
Les différences individuelles dans le degré d’émotions plaisantes et déplaisantes ressenties ont un impact majeur sur la détermination des RPS et quant à l’exposition à la résilience (Galatzer-Levy & al, 2013 ; Monier, 2017 ; Monier et Al., 2020). L’opérationnalité de cet résilience induit un faible niveau d’émotions déplaisantes avant l’exposition du stresseur et un haut degré d’émotions plaisantes. Ces dernières étant motrices aux ressources de l’individu, à sa santé, son bien-être (Frederickson & al, 2009 ; Monier, 2017 ; Monier et Al., 2020)
Une brève explication des facteurs influant la résilience
Avant de nous attarder sur l’ensemble de ces facteurs et autres concepts, introduisons les grands éléments fondateurs qui favorise la résilience individuelle : des capacités cognitives spécifiques, des caractéristiques comportementales et des conditions contextuelles (Teneau, 2021). D’autres auteurs comme Rivest (2011) expliquent qu’il y a trois grands facteurs qui influent sur ce potentiel de résilience individuel :
– les caractéristiques personnelles comme son histoire, ses expériences, sa personnalité ;
– le contexte et la nature de l’évènement qui a eu lieu ;
– le soutien social ou la présence de tuteurs de résilience
Ainsi, les trois facteurs principaux de ce potentiel de résilience sont notamment décris aussi chez d’autres auteurs sous les facteurs (Zoungrana, 2017 ; Teneau, 2011 ; 2021) :
– individuels, relatifs aux traits de personnalités tels que l’optimisme, la confiance en soi, l’humour, la sociabilité ;
– familiaux ou de proximité comme le fait d’avoir reçu de l’affection, l’amour durant son enfance, d’être membre d’une famille unie¨… ;
– ambiants, ou environnementaux comme le soutien de personnes hors du cercle familial (enseignants, amis) ainsi que des institutions ou organismes favorisant l’entraide, l’autonomie et la solidarité (association, groupe culturel).
1) La résilience entre personnalité et mécanismes de défense
Tout processus de régulation est fortement dépendant de la personnalité. Nous expliquerons ici son rôle avec les structures et les traits de personnalité notamment sur les mécanismes de défenses. Puis, nous expliquerons la différence entre les mécanismes de défenses et les processus de coping, tous deux éléments propres à la personnalité.
La personnalité
La personnalité est un ensemble de caractéristiques qui influence notre cognition (pensées), nos motivations et nos comportements dans diverses situations. Lorsque l’on aborde la question de la personnalité, on se réfère aux notions de structure et de traits de personnalité (Lepage-Voyer et al., 2019).
Les traits de personnalité correspondent au mode de fonctionnement de chacun à percevoir et réagir aux évènements de manière spécifique (Lepage et al., 2019), ce qui admet des phases de désorganisation et de réorganisation (Emmanuelli et Azoulay, 2012). C’est la manifestation de certains traits inadaptée à une souffrance personnelle et une altération dans l’agir de l’individu qui permet de distinguer une structure de personnalité dites normale, d’une personnalité pathologique ((APA, 2015 ; Cramer, 1999 ; Sinha et Watson, 2004 ; Lepage et Al., 2019).
La structure de la personnalité représente l’agencement de diverses fonctions mentales chez l’individu (Lingiardi & McWilliams, 2017). On identifie en règle générale trois types de structures de personnalités pathologiques majeurs :
– névrotique (hystérie, obsessionnel, phobique, d’angoisse)
– psychotique (autisme, schizophrénie, sénilité)
– personnalité limite (borderline, narcissique, paranoïde, anti-social, passif-agressif).
Pour distinguer ces structures de personnalité, il existe trois critères fondamentaux :
– Le degré d’intégration de l’identité est la capacité à reconnaître les limites entre soi et autrui, ainsi qu’au fait d’être soi-même de façon constante à travers le temps et les situations (Kernberg et Al., 2000).
– Les mécanismes de défense sont des opérations inconscientes permettant à l’individu de se protéger face à des conflits internes ou externes et à des facteurs de RPS comme le stress (Andrews et Al., 1993 ; Bonsack et Al., 1998 ; Laplanche et Pontalis, 2007).
– La fonction d’épreuve de la réalité s’attarde sur la distinction entre projections de l’individu (réalité interne) et ce qui correspond, appartient à autrui (réalité externe) (Kernberg, 2004).
Mécanismes de défenses / Coping
Nous accentuerons notre recherche sur les mécanismes de défenses et le coping, tous deux des éléments majeurs de la personnalité.
Les mécanismes de défenses sont les moyens que l’individu privilégie pour réagir face à ces émotions et pensées qui admettent une souffrance personnelle (Di Giuseppe et Al., 2014). Ces mécanismes agissent donc comme une réaction de l’individu face aux situations anxiogènes. Cependant, ces mécanismes sont considérés comme inconscient (Laplanche et Pontalis, 2007) et peuvent donc nuire au fonctionnement de l’individu comme son équilibre émotionnel ou sa perception de la réalité (Ruuttu et al., 2006). Il est donc tout à fait envisageable d’avoir des mécanismes dits pathologique dans la mesure ou le recours à ces derniers s’effectuent de manière inadaptée à la situation réelle (Cramer, 1999 ; Perry et Al., 2009). Dans ce cas, la capacité d’adaptation de l’individu à faire face aux aux situations de RPS se retrouve altérée (Perry et Al., 2009).
L’utilisation de tel ou tel mécanisme permet de déterminer la structure de personnalité des individus (Kernberg, 2004). En effet, un individu avec une structure de personnalité névrotique emploiera le refoulement comme mode principal de défense. Alors qu’à l’inverse, une structure psychotique utilisera plutôt la projection, le délire, le déni d’une réalité objective. Les individus avec une structure limitée auront des mécanismes de défense proche de ceux psychotiques.
Certains leviers comportementaux propres à la résilience interviennent sur la personnalité, on parle alors de stratégies de coping (stratégie d’ajustement ou d‘adptation) (Rutter, 2007 ; Ponnelle et Al., 2012). Comme nous l’avons dit précédemment, les mécanismes de défenses sont inconscients, il est donc difficile d’avoir un impact dessus. Cependant, la notion de coping, elle, est un processus conscient et volontaire (Compas et al., 2001 ; Wadsworth et Compas, 2002 ; Callahan et Chabrol, 2013 ; Fischer, 2020 ; Ben Sedrine Doghri, 2021)
2) Résilience et équilibre personnel avec ses variables personnels et organisationnel
De nouveaux rapports au travail induisent de nombreuses situations de RPS qui mobilisent notre capacité de résilience (Brami et Al. 2013). Il apparaît que ces enjeux sont dépendants de l’équilibre entre notre vie privée et notre vie professionnelle. Cet équilibre est employé aussi sous le terme d’équilibre personnel.
L’équilibre personnel se traduit par la relation qui s’effectue entre nos compétences et nos missions à réaliser dans le cadre du travail. À cela doit s’ajouter un équilibre de vie, c’est-à-dire une conciliation entre notre vie privée et notre vie professionnelle. Cela sous-entend donc un équilibre professionnel qui est déterminé par la maîtrise de nos compétences et une volonté de s’impliquer dans son travail. Ce qui en résulte une meilleure autonomie dans l’organisation de son travail.
La prise en compte de la vie privée est aussi un élément majeur dans cet équilibre, car il ne se limite pas à la famille, mais comprend un ensemble d’activités extra-professionnelles. L’équilibre entre vie professionnelle et vie privée apparaît difficile à établir, dans la mesure où le salarié peut rencontrer des difficultés à répondre aux attentes parfois contradictoires des deux sphères (Tremblay et al., 2006, Tremblay 2012). Toutefois, la favorisation de cet équilibre aurait comme conséquence une meilleure satisfaction et implication des individus dans leur travail, ainsi qu’un épanouissement dans la sphère familiale et affective (Roger & Othmane, 2013).
Il existe donc des facteurs sur lesquels s’attarder. Les facteurs participant à l’équilibre personnel sont catégorisés en deux types de variables :
– Les variables personnelles : Le locus de contrôle interne et le sentiment d’efficacité personnelle.
– Une variable organisationnelle : Le soutien du responsable hiérarchique
Le locus de contrôle
Le concept de locus de contrôle a été développé par Rotter (1966) pour caractériser les différentes relations causales que les individus établissent entre l’obtention d’un résultat et leur propre conduite. L’individu se réfère donc à la perception qu’il a du degré de contrôle qu’il exerce sur ce qui lui arrive. Par conséquent, être dépourvu de visibilité à moyens et longs termes peut s’avérer anxiogène et délétère quant à sa réalisation.
Deux types de locus de contrôle sont à l’œuvre. Les individus avec un locus de contrôle interne pensent qu’ils contrôlent leur destin et que leurs actions ont un impact sur leur environnement. Ainsi, ils attribuent leurs performances et leurs résultats à leur propre responsabilité. L’expérience et l’ancienneté peuvent être des effets modérateurs quant à la perception de ce locus de contrôle interne (Givord et Morin, 2003).
Au contraire, les individus qui ont un locus de contrôle externe considèrent les conséquences de leur vie comme résultant de facteurs externes (destin, chance, etc.). Fournier (2002) souligne les risques d’une conceptualisation trop simpliste de ce concept. Toutefois, il affirme l’existence d’une relation étroite entre le locus de contrôle interne et l’estime de soi. Et à l’inverse un lien entre le locus de contrôle externe et l’émergence d’une situation de RPS (El-Akrimi & Sassi, 2005).
le sentiment d’efficacité personnelle
D’autre part, le sentiment d’efficacité personnelle est un élément majeur dans l’équilibre personnel en tant que régulateur du comportement. Ce sentiment d’efficacité personnelle renvoie : « aux jugements que les personnes font à propos de leur capacité à organiser et réaliser avec succès une tâche donnée » (Bandura, 1986, p. 391). Il admet aussi la capacité à mobiliser ses croyances pour mieux contrôler les évènements de sa vie. Ces croyances, caractérisées par « l’agentivité » personnelle, développe l’engagement envers nos actions et notre persévérance vis-à-vis des obstacles à surmonter dans notre vie (Sherer et al, 1982 ; Bandura, 1986 ; Carré et Moisan, 2002).
Un sentiment optimiste d’efficacité personnelle contribue à une meilleure adaptation face aux obstacles et les échecs, car un individu percevra ces difficultés comme un pari à accomplir plutôt qu’une menace à éviter (Bandura 1995). Tandis que, les individus avec un faible sentiment d’efficacité personnelle doutent de leurs capacités et ont tendance à l’abandon, ce qui peut les conduire à des situation de RPS (Ozer et Bandura, 1990).
le soutien du supérieur hiérarchique
Le soutien du supérieur hiérarchique est la variable organisationnelle qui peut favoriser l’équilibre personnel autant qu’être une source de déséquilibre chez l’individu (Benion, 2010). Interprété comme une forme de soutien social, le soutien du supérieur hiérarchique comporte deux aspects. Une dimension émotionnelle renvoyant à des facteurs comme l’écoute, la sympathie, l’intérêt porté envers une personne et sa reconnaissance. Une dimension instrumentale par l’assistance, l’aide ou les conseils que le supérieur peut apporter pour que les individus puissent accomplir leurs missions.
Si ce soutien est positif, il réduit les situations de RPS et favorise la résilience (House, 1981). Enfin, le soutien du supérieur aurait une influence sur l’équilibre personnel en réduisant les conflits travail/famille et en ayant un effet modérateur sur le locus de contrôle interne et le sentiment d’efficacité personnel (Roger et Othmane, 2011)
Ces recherches devrait attirer l’attention des ressources humaines quant à l’expansion de cet équilibre personnel plutôt qu’envers la réduction des conflits.
3) La résilience et le facteur génétique
Ce cadre admet la résilience comme une capacité absolue, personnelle et innée chez l’individu (Masten & Garmezy, 1985 ; Bonanno, 2012). Les recherches ont évolué et ont permis d’aboutir à trois caractéristiques principales des personnes résilientes (Coutu, 2002) :
– Une acceptation de la réalité ;
– Une croyance profonde en leur valeurs et dans une vie significative ;
– Une capacité particulière à l’improvisation
Dans cette perspective, d’autres auteurs proposent quatre facteurs qui différencient les individus résilients des non-résilients (Werner & Smith, 1982 ; LengnickHall et al., 2011) :
– la capacité à résoudre des problèmes ;
– l’optimisme ;
– le renforcement positif ;
– une grande foi.
Ces ressources internes proviennent de nos expériences passées et de notre niveau d’autonomie, d’estime et de confiance en soi (Masten & Garmezy, 1985 ; Rutter, 1985 ; Kone, 2021). Ainsi, la résilience est issue majoritairement d’une capacité propre à nos caractéristiques personnelles (Kone, 2021). Duplessis et Vanbreda, 2001 ajoutent à ces éléments « le sens de la cohérence, la rusticité, la débrouillardise, l’auto-efficacité, le sens de la maitrise, la puissance, l’endurance et la causalité personnelle ».
Cependant, ce courant envisage la résilience comme étant l’œuvre de la génétique, ce qui admet un fatalisme et une discrimination entre des individus qui naissent avec alors que d’autres non (Coutu, 2002 ; Kone, 2021). C’est pourquoi, d’autres auteurs considèrent la résilience comme une capacité intrinsèques à chaque individus, mais à des degrés différent (Poletti & Dobbs, 2001 ; Kone, 2021). Ainsi, des concept comme la personnalité permettent de mieux comprendre notamment ce facteur génétique avec toutes ces caractéristiques qui favorisent la résilience.
4) La résilience et les facteurs environnementaux
Dans cette vision, la résilience est à la fois intrinsèques, mais aussi extrinsèques. Elle se développe donc au fil de l’interaction des individus avec leur environnement (Charreire-Petit & Cusin, 2013). En effet, certaines personnes résilientes font appel à leurs ressources naturelles comme nous l’avons expliqué avec le facteur génétique. Tandis que d’autres vont plutôt recourir à une tierce personnes ou d’autres variables (Rutter, 1985 ; Cyrulnik, 2005) : le temps, le risque, le type d’adversité et les périodes ou phases de la vie.
Ainsi, un individu peut se montrer résilient dans un certain contexte, mais ne le sera pas forcément dans un autre (Kone, 2021). Le seul facteur génétique ne suffisant pas pour développer une capacité de résilience complète. De plus, ce recours à une tierce personne représentent donc un soutien externe (familier ou autre) majeur pour atteindre la résilience (Werner & Smith,1992 ; Cyrulnik, 2005 ; Koninckx & Teneau, 2010 ; Moreira, 2017).
Ce soutien externe s’apparentent au tuteurs de résilience présent dans l’approche médicale en santé publique (1.1.2.2). Le rôle majeurs de ces tuteurs est de permettre à l’individu de rebondir vis-à-vis des aléas de sa situation (Kone, 2021). Ainsi, l’environnement ou l’entourage sont des éléments tous aussi important que la personnalité de l’individus dans un processus de résilience. La métaphore d’Harry Potter et de sa relation avec certain individus (professeur, parrain) démontre un parcours de résilience entretenu par des tuteurs de résilience (Auriacombe 2005 ; Moreira 2017).
Cette réflexion sur les facteurs environnementaux ne s’attarde pas uniquement sur le microenvironnement de l’individu, il y aurai un ensemble de facteurs sociaux, économiques, politiques et éthique également (Tomkiewicz, 2005). Certains contextes socio-économiques sont donc plus propice au développement d’une capacité de résilience (Kone, 2021).
Conclusion
En conclusion, les deux grands facteurs qui participent à la résilience sont (Werner & Smith, 1982 ; Masten et al., 1990 ; Koninckx & Teneau 2010 ; Kone, 2021) :
– Les facteurs personnels qui concernant la personnalité (confiance en soi, optimisme, humour), l’aspect génétique et l’équilibre personnel ;
– Les facteurs environnementaux avec la notion de tuteur de résilience et de soutien externe.
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