Les approches de la résilience individuelle

Introduction

Il existe principalement trois grandes approches du concept de résilience individuelle qui ont évolué historiquement (Richardson, 2002 ; Tychey & Lighezzolo, 2004 ; Allamele, 2021 ; Kone, 2021) : l’approche par la théorie cognitivo-comportementaliste, l’approche médicale en santé publique et l’approche psycho-dynamique.

1 Résilience et approche cognitivo-comportementaliste, une capacité avec le coping

La première période définit la résilience comme une caractéristique innée qui s’attarde sur les capacités protectrices, de résistance et de développement qui se révèlent dans un contexte adverse et/ou précaire (Block et Block, 1980 ; Werner, 1982 ; Beardslee et Podorefsky, 1988 ; Garmezy, 1993 ; Richardson, 2002 ; Allamele, 2021).

La théorie cognitivo-comportementaliste est issue du champs de la psychologie clinique (Kone, 2021). Cette approche s’attarde sur le processus cognitif d’adaptation et d’ajustement des individus avec les concepts centraux de stress et de coping (Teneau, 2011 ; Kone, 2021). Dans ce courant, la résilience admet une attitude d’adaptation positive de l’individu et de résistance en dépit de sa situation d’adversité (Masten et al., 1990 ; Kone, 2021). La résilience étant susceptible d’évoluer (Windle, 2011), la vision d’un parcours de résilience ne serait possible que par un processus d’adaptation de l’individu à sa situation (Cyrulnik, 1999).

Ainsi, cette approche met l’accent sur la capacité d’adaptation de l’individu aux différentes situations d’adversité qu’il rencontre tout au long de sa vie (Kone, 2021). Toutefois, soulignons la prudence de ne pas tomber dans l’exagération en terme d’adaptation (Tychey & Lighezzolo, 2004). « La simple adaptation aux petits soucis de la vie quotidienne ne suffit pas pour parler de résilience » (Kone, 2021).

Cette vision de la résilience comme une capacité à endurer ne fait pas consensus chez les auteurs. Certains considèrent la résilience comme la manière dont un individu recharge ses batteries au quotidien à l’aide notamment d’une pause cognitive et en évitant toute distraction (Achor & Gielan, 2016) Cette perspective d’un état d’introspectif de la résilience individuelle apporte une conception nouvelle. Celle-ci s’inscrivant dans un cadre plus large que celui limité aux grands traumatismes ou passé douloureux (Achor & Gielan, 2016 ; Kone, 2021).

2 Résilience et approche médicale en santé publique, un processus

Dans une deuxième période, la résilience n’est plus perçue comme une capacité, mais plutôt comme un processus activé par l’environnement socio-affectif (Richardson, 2002 ; Allamele, 2021). Cette seconde approche provient de la psychologie de la santé (Kone, 2021). Selon différents auteurs, ces derniers définissent la résilience soit comme :
– un processus adaptatif et évolutif tout au long de la vie (Luthar, Cicchetti et Becker, 2000 ; Egeland, Carlson et Srouf, 1993) ;
– un résultat (Masten, 2001)
– ou un processus dynamique progressif qui se bâtit au fur et à mesure que l’individu interagit avec son environnement (Lighezzolo et de Tychey, 2004 ; Anaut, 2005 ; Ionescu, 2015).

Cette approche considère aussi que chaque individus possèdent des capacités de résilience qui peuvent être latentes (Kone, 2021). De plus, Anaut (2005 ; 2015) ajoute que tout individu peut devenir résilient à l’aide d’un accompagnement réalisé par des « tuteurs de résilience ». Ces tuteurs sont des individus sur lesquelles les personnes peuvent compter pour le développement de leur capacité de résilience (Kone, 2021).

L’objectif de cet approche est donc d’activer un potentiel de résilience chez les individus (Kone, 2021)

3 Résilience et approche psycho-dynamique, une capacité et un processus

Cette dernière approche regroupe les deux précédentes et demeure la plus utilisée dans les recherches sur la résilience (Richardson, 2002 ; Tychey & Lighezzolo, 2004 ; Allamele, 2021 ; Kone, 2021). Elle la définit comme le développement de l’individu face à l’adversité, qui surpasse son fonctionnement antérieur et sollicite ces ressources face aux difficultés de sa situation (Tedeschi et Calhoun, 1995 ; Richardson, 2002 ; Joseph et Linley, 2006 ; Allamele, 2021). Ainsi, cet approche considère la résilience comme un phénomène dynamique du sujet et de l’analyse de son psychisme (Anaut, 2005). Ce phénomène de résilience mobilise donc à la fois des capacités internes et du soutien externe (Charreire-Petit & Cusin, 2013). Selon cette approche, deux conditions doivent être réunies pour parler de résilience (Cyrulnik, 2001) :
– Tout d’abord, la présence d’une situation d’adversité ;
– Puis, une reprise du développement de l’individu et de la confrontation à sa situation.

Conclusion

Toutefois, notons qu’un débat autour de la résilience existe. En effet, la conception de la résilience est définie parfois comme une capacité et d’autres fois comme un processus (Zoungrana, 2017 ; Kone, 2021) Il s’agira de mettre en relief la manière dont la littérature appréhende donc ces deux facettes.

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