1) La nébuleuse de l’accompagnement comme développement de soi L’ensemble de cette nébuleuse des formes d’accompagnement révèlent une base qui se réalise entre deux individus, l’un facilitant l’apprentissage ou le passage de l’autre à un sentiment d’appartenance (Paul, 2009 ; Charlier, 2022). Ainsi, l’accompagnement participe à la valorisation et au…
1) La nébuleuse de l’accompagnement comme développement de soi
L’ensemble de cette nébuleuse des formes d’accompagnement révèlent une base qui se réalise entre deux individus, l’un facilitant l’apprentissage ou le passage de l’autre à un sentiment d’appartenance (Paul, 2009 ; Charlier, 2022). Ainsi, l’accompagnement participe à la valorisation et au développement d’un “être avec et à celle d’un être ensemble”. Ces deux fonctions liées à l’appartenance de l’individu ramènent à des idées et concepts comme l’identité et la cohérence de soi avec notamment l’impact des relations intra-interpersonnelle. C’est donc dans une logique d’entretien de Soi que les formes d’accompagnement trouvent un intérêt particulier avec un ensemble de valeurs (Paul, 2009 ; Tschopp et Stierli, 2014) :
- Le coaching et l’idée de maïeutique
- Le counseling et la relation d’aide
- Le tutorat et l’apprentissage
- Le mentorat et la solidarité intergénérationnelle
- Le compagnonnage et la notion de transmission
Chacune de ces formes d’accompagnement s’inscrivent dans la partie sémantique du verbe accompagner. En effet, l’étymologie de l’accompagnement provient du verbe latin ac-cum-pagnis qui signifie être avec et aller vers celui qui deviendra un compagnon (Charlier, 2022). Paul (2009) y voit plutôt dans cette étymologie une “valeur symbolique, celle du partage” (Paul, 2009). Mais ajoutons aussi l’idée d’appartenance évoqué précédemment, cette question nous amènent à l’idée d’un sens partagé et de communauté. En effet, la relation qui s’effectue dans un accompagnement admet un partage sous la forme de dialogues en vue d’une visée éthique pour l’individu et le guidant vers l’action (Lhotellier, 2001 ; Paul, 2009 ; Tschopp et Stierli, 2014).
2) La relation accompagnant-accompagné, une coopération vers l’action
La définition même de l’accompagnement renvoie donc à une logique de sens et de coopération (Tschopp et Stierli, 2014). Cette logique s’inscrit dans une dimension relationnelle, temporelle et opérationnelle en respectant le rythme de l’individu (Paul, 2009 ; Tschopp et Stierli, 2014).
Dimension opérationnelle
Tout d’abord la dimension opérationnelle précise que l’accompagnement conduit à quatre idées majeures (Paul, 2009 ; Thibauville et al., 2019 ; Thiébaud et Vacher, 2020 ; Charlier, 2022).
En premier lieu, la secondarité. Elle symbolise le fait que celui qui accompagne est au second plan, car souvent commandité (Paul, 2009 ; Charlier, 2022). Son rôle est nécessaire à la formation de ce binôme initial en soutenant le sens et le développement de celui qui est accompagné. Ensuite, le cheminement inclut le temps d’élaboration et les étapes nécessaire à la mise en réflexion et la capacité à agir de l’individu. Puis, l’effet d’ensemble consiste à impliquer les deux individus à tous les stades de ce cheminement. Enfin, l’idée de transition associé à une situation d’accompagnement signifie que ce parcours est temporaire. Il comprend donc un début, un développement et une fin.
Dimension relationnelle
C’est au travers de ces quatre idées majeures que doit émerger la dimension relationnelle pour arriver vers une mise en action de l’individu (Paul, 2009). La dynamique du changement opéré chez l’individu va donc être fortement impacté par la qualité de la relation (Honoré, 1992 ; Paul, 2009). Cette relation est définie comme “un rapport à l’autre comme rapport ouvert sur d’autres rapports à l’autre” (Honoré, 1992).
Dimension temporelle
D’autre part, la dimension temporelle, plus facilement instrumentale, est directement lié aux résultats attendus par la mission d’accompagnement (Paul, 2009 ; Charlier, 2022). Cette dimension “tend à occulter les exigences requises par la dimension relationnelle, souvent laissée pour compte, fonctionnant ou pas au gré des affinités personnelles” (Paul, 2009). De plus, le déterminant financier et économique lié à l’accompagnement peut brider l’injonction à agir de l’individu et à démonter son implication, ce qui entrave ainsi son cheminement.
L’accompagnement, vers une dimension de coopération
C’est donc la capacité à combiner ces dimensions, relationnelle, temporelle et opérationnelle, qu’aboutit une dimension de coopération (Paul, 2009 ; Tschopp et Stierli, 2014). Cette coopération s’inscrit, non uniquement dans un objectif a réalisé, mais surtout dans des principes guidant l’action de l’individu (Lhotellier, 2001 ; Tschopp et Stierli, 2014). Ainsi, l’essence de l’accompagnement est avant tout une “com-position”, c’est à dire que tout binôme représente une matrice relationnelle différente (Paul, 2009).
En effet, l’accompagnement est l’occasion par le langage de partager son vécu, de le formaliser et de co-construire un savoir (Thibauville et al., 2019 ; Charlier, 2022). Le rôle du langage pour le partage réalisé dans le binôme est donc important (Gergen, 2005 ; Kise, 2006 ; Paul, 2009 ; Thibauville et al., 2019 ; Charlier, 2022). En effet, notons l’apport du langage comme :
– la transition d’un langage informatif à une action collaborative
– une compétence d’expert mis à disposition pour arriver vers une attitude dialogique
– Evoluer dans son rapport interpersonnel vers une implication relationnelle.
Cependant, du côté de l’accompagnateur certaines compétences sont nécessaires au préalable (Tschopp et Stierli, 2014 ; Thibauville et al., 2019 ; Thiébaud et Vacher, 2020) :
– en technique d’entretien ;
– d’écoute active ;
– d’empathie
– et d’éthique.
De plus, l’accompagnement nécessite un espace privilégié de libre expression et d’analyse (Thibauville et al., 2017). Que l’accompagnateur soit interne ou externe à l’organisation, sa relation avec l’accompagné sera différente notamment en termes d’espace de liberté et d’ajustement (Charlier, 2022).
3 L’accompagnement, un espace de développement des ressources
Les conditions évoquées précédemment dans la relation accompagnant/accompagné et la nécessité d’un espace propice à cette coopération sont les éléments nécessaires aux développements des ressources de l’individu (Tschopp et Stierli, 2014 ; Thibauville et al., 2019).
En effet, une fois que ces éléments sont mis en place, l’individu se retrouve d’autant plus en mesure (Thibauville et al., 2017 ; 2019) :
– d’identifier ses ressources,
– d’identifier ses freins afin d’atteindre son objectif
– de définir un projet
L’accompagnement, un travail de soi aux multiples processus
L’accompagnement représente donc un travail de connaissance de soi à la fois continu et progressif qui mobilise chez la personne différents processus comme (Tschopp et Stierli, 2014 ; Bernaud et al., 2015 ; Paul, 2016 ; Thibauville, et al., 2017 ; Thibauville et al., 2019 ; Thiébaud et Vacher, 2020 Charlier, 2022) :
– L’introspection qui est décrite comme une analyse expérientielle de l’individu se retrouvant face à son parcours, ses souvenirs, ses pensées, ses émotions et ses compétences. Ce processus peut conduire autant à une réélaboration qu’à une distance du vécu de la personne.
– La construction de sens englobe tout un ensemble de sous processus comme le concept de Soi, l’identité et les valeurs.
– La subjectivité de l’accompagné est lié à travers l’évaluation de ses actions, de ses pensées et de ses représentations et de ses jugements.
– Le rôle joué par les émotions est une des conditions de réussite aussi de l’accompagnement. Une posture d’accueil et de non-jugement des émotions est essentielle pour faciliter le partage et contribuer à l’analyse.
Fondamentalement, l’orientation de l’accompagnement d’un individu est uniquement tournée vers lui-même, vers une intégrité dans ces choix, décisions et actions (Lhotellier, 2001 ; Paul, 2009 ; Tschopp et Stierli, 2014). Ainsi, questionner l’accompagnement comme fondement, c’est positionner cette nébuleuse dans un développement de Soi, de ses ressources et dans laquelle chacune des formes possèdent leur propre visé d’appartenance (Paul, 2009). Ce cheminement relationnel diffère selon les accords, les objectifs et les moyens mis en œuvre.
L’accompagnement, une ressource externe à divers rôles
Ainsi, l’accompagnateur représente une personne ressource pour l’individu (Thibauville et al., 2019). En effet, il est une ressource externe facilitant un support et un soutien social. Dans un objectif de dynamisation de l’individu, l’accompagnateur va combiner quatre rôles (Paul, 2016 ; Thibauville et al., 2019) :
– Celui de passeur pour que l’accompagné soit l’acteur ;
– Un rôle de veilleur quant à ce qu’il se passe en l’autre, il ne fait pas à la place de celui-ci.
– Un rôle aussi d’actant par sa capacité à s’engager dans un dispositif, des principes
– Et enfin d’ouvreur du chemin à l’autre par sa démarché d’initiative qui soutient l’individu dans son orientation et de dégager des perspectives
L’élément primordiale d’un accompagnement est donc de développer de nouvelles ressources chez l’individu pour le faire évoluer dans sa situation (Paul, 2009). De plus, ce développement des ressources doit aussi contribuer à un enrichissement de l’expérience de l’individu afin qu’il puisse agir de manière autonome à d’autres changement.
C’est l’idée de cheminement et non de but à atteindre qui importe. Le but n’étant pas présenté de manière précise avant la mise en mouvement, car celui-ci peut évoluer au cours du cheminement (Paul, 2009 ; Thiébaud et Vacher, 2020 ; Charlier, 2022). Ainsi, se donner une orientation est une ressource mais ne constitue pas le but.
Il n’est donc pas question de diriger l’autre, mais de l’amener à réfléchir sur ses agissements, attitudes, comportements (Paul, 2009). Nous parlerons plutôt de réflexivité et d’une relation d’aide à autrui dans les choix qui orientent sa vie (Paul, 2009). Cette réflexivité est particulièrement intéressante dans la prise en compte et l’intervention de situation de RPS.
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