Émergence de la résilience individuelle, coping et vulnérabilité

Émergence de la résilience individuelle, coping et vulnérabilité

Les notions de coping et de vulnérabilité ont préparé le terrain pour l’émergence de la résilience individuelle. Pour en savoir plus 🚀

La résilience individuelle

À la fin des années 1970, les recherches sur la résilience connaissent un essor en sciences sociales. Cet engouement trouve un intérêt particulier chez de nombreux psychologues et cliniciens pour l’analyse du comportement infantile (Garmezy 1970 ; Werner & Smith 1982 ; Manciaux, 2001 ; Tychey, 2001 ; Bégin & Chabaud 2010 ; Koninckx & Teneau, 2010).

Ces travaux ont permis l’émergence des travaux sur la résilience individuelle ou résilience psychologique. La résilience individuelle se définit ainsi (Allamele, 2021) :
– Pas ou peu d’impact d’un évènement censé être traumatique ou encore le fait de s’en rétablir rapidement (Cyrulnik, 2002 ; Carver, 1998 ; Anthony et Cohler, 1987) ;
– La capacité à s’adapter fonctionnellement au stress et à l’adversité (Seery et Quinton, 2016 ; Luthar, Cicchetti et Becker, 2000)
– La capacité, individuelle, familiale ou groupée, à continuer à vivre et à se reconstruire malgré l’adversité (Cyrulnik, 1999, 2009 ; Manciaux, 2001).

La résilience, une émergence grâce au coping et à la vulnérabilité

Deux concepts majeurs ont favorisé l’apparition de la résilience individuelle en psychologie (Koupernik & Anthony, 1982 ; Tomkiewicz 2005 ; Koninckx & Teneau, 2010 ; Kone, 2021 ; Allamele, 2021) :
– Le premier est le coping qui se traduit par l’idée de faire face à sa situation en dépit de son handicap (physique, mental ou chronique), son traumatisme ou malheur tel que le stress, la maladie, la guerre.
– Le second est celui de l’invulnérabilité. Cette notion est perçue comme une force innée liée à la personnalité qui permet à l’individu de ne pas sombrer au cours de sa vie malgré le traumatisme.

Certain de ces auteurs estiment donc que la vulnérabilité est un des points majeurs à l’origine de la résilience (Koninckx & Teneau, 2010). En tant que sujet de recherche, la vulnérabilité cherche à comprendre les facteurs (personnels, affectifs, rationnels et environnementaux) qui rendent les individus vulnérables (Koninckx & Teneau, 2010 ; Kone, 2021). Ainsi, les spécialistes ont émis l’hypothèse que des blessures occasionnées durant l’enfance pourraient expliquer les troubles du comportement qui interviennent à l’âge adulte (Rutter, 1985 ; Garmezy 1970 ; Tisseron, 2007 ; Koninckx & Teneau, 2010).

L’étude de Werner et Smith

Dans les années 80, Werner & Smith (1982) apparaissent comme des pionniers de la résilience avec leurs travaux sur la résilience individuelle (Manciaux, 2001 ; Tisseron, 2009 ; Kantur, 2015 ; Allamele, 2021). Leur étude a duré près de quarante ans auprès d’un échantillon de six cent enfants nés à Hawaï en 1955 et en conditions précaires de vie dès l’enfance (vulnérabilité) : accès limité à l’école, familles pauvres, parents violents ou alcooliques (Allamele, 2021 ; Kone, 2021).

Leurs objectifs était de comprendre les aspects liés aux enfants qui pouvait s’adapter positivement et s’en sortir et de l’autre, ceux qui n’y arrivent pas. De plus, le but de l’étude était d’évaluer les conséquences à long terme des différents stress intervenus dans la vie de ces enfants (Theis, 2006 ; Allamele, 2021). Les auteurs constatent que 29% ont réussi à s’affranchir de leur conditions et sont devenus des adultes responsables (Lengnick-Hall et al., 2011). C’est donc à la période de Werner et Smith (1982) que le concept de résilience individuelle émerge pour qualifier des enfants qui ont réussi à s’en sortir socialement malgré des conditions de départ défavorables (Kone, 2021).

Une distinction francophone et américaine de la résilience

La littérature francophone sur la résilience individuelle s’imposent avec des auteurs comme Cyrulnik (1999 ; 2001 ; 2005), Manciaux (2001 ; 2001), Tomkiewicz (2005), Vanistendael (2005), Anaut (2005 ; 2015) et Teneau (2011, 2017). Cyrulnik, par exemple, se retrouve aussi dans la perspective de Werner et Smith (1982) avec une résilience individuelle dès l’enfance. Il explique également que « les enfants résilients peuvent nous apprendre à réduire les risques, à favoriser les compétences et à réparer les développements altérés » (Cyrulnik, 1999).

Néanmoins, la distinction entre la résilience américaine et française se situe dans le fait que la première l’admet comme une vertu de la réussite. Tandis que la seconde est plutôt perçue comme une  richesse intérieure, une capacité (Tisseron, 2003 ; 2009 ; Alleaume, 2018 ; Allamele, 2021).

Cette distinction amène Chilland (2006) à penser que la résilience est plutôt lié à la culture américaine plutôt que la pensée francophone. Auparavant, Claudel (1965) expliquait déjà que le mot résiliency n’avais pas de correspondance française exact. En effet, selon le tempérament américain, la résilience admet le croisement des notions d’élasticité, de ressort, de ressource et de bonne humeur. Il n’y aurait donc pas de résilience absolue, mais plutôt des choix individuels face aux perturbations prévues ou imprévues, qui mobilisent des ressources internes comme externes parfois antagonistes (Allamele, 2021). Ainsi, la résilience est rapidement devenu un concept clé avec les stratégies de gestion des risques et des ressources en sciences sociales (Allamele, 2021).

Conclusion

Nous soulignons que les notions de « coping » et d’invulnérabilité/vulnérabilité ont préparé le terrain pour l’émergence de la résilience individuelle. Notons que « l’invulnérabilité n’est pas la résilience, car pour qu’il y ait résilience, il faut au préalable avoir été touché et déstabilisé par un évènement » (Michallet, 2010).

Ainsi, la résilience est un phénomène pouvant modérer les conséquences de la confrontation à différentes situations à risques psycho-sociaux (Jourdan-Ionescu, 2001 ; Allamele, 2021).
Certains considèrent le coping comme une condamnation des victimes confrontés à leur situation et proposent ainsi la résilience comme une échappatoire et « l’espoir d’un meilleur lendemain » (Cyrulnik, 1999, 2001 ; Tomkiewicz, 2005 ; Kone, 2021).

Nous ne sommes pas totalement d’accord avec cette vision. Nous pensons justement que certaines stratégies de coping pourrait favoriser la résilience et à l’inverse certaines stratégies plus dysfonctionnels ne la favorise pas. Ce qui donc n’admettrait pas, selon nous, une forme de condamnation des victimes.

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