Quelle éthique pour le coaching ? Difficile question. De quel droit, en tant que coach, puis-je donner mon point de vue sur ce qui m’apparaît être bien ? A partir de quels principes puis-je évaluer mon action et celle de mon client ? Déjà deux questions auxquelles il est très compliqué de répondre.
Et pourtant, dans mon activité de coach, au cours des séances, j’accueille la parole de mon client. Je donne du sens à son discours et à ses problèmes et je l’accompagne dans la poursuite de son objectif. Là est le cœur du métier de coaching. Mais, en procédant de la sorte, comment savoir si j’agis réellement pour lui et non pour moi voire pour une idéologie masquée que je me suis tellement appropriée que je n’en ai même plus conscience. Au nom de qui ou de quoi j’agis finalement ?
Telles sont les quelques questions que tout coach se doit de se poser un jour pour réellement questionner sa pratique. Mais attention à ne pas se tromper de but. Ces questions n’ont pas pour objectif d’annihiler l’action en suspendant, par une sorte de régression infinie, tout désir d’entreprendre. La suspension de jugement chez le coach n’est pas synonyme de retrait mais au contraire de permission : de penser différemment, de voir différemment et de comprendre différemment. Ces questions permettent de déclencher au fond une conversion du regard qui doit être sans cesse renouvelée et vivifiée. « Au commencement était l’action » pour Goethe et l’action du coach doit se poursuivre car tout démarre à partir de la formulation de la demande du client.
En acceptant cette demande et en définissant une stratégie, le coach est déjà engagé dans une visée et interpellé dans ses principes. Dès lors, si le coach a choisi un tel métier, c’est parce qu’il obéit en quelque sorte à l’idée d’une certaine forme de perfectionnisme moral. Attention à cette expression qui peut faire peur et qu’il faut manier avec une grande précaution. Le fait de se perfectionner peut être très simple et sans grande prétention. C’est pour le coach le fait d’accompagner une personne dans la réussite d’un objectif qui lui semble inaccessible. Ce faisant, sans être dans une relation d’aide qui implique une dette, le coach s’engage à déceler ce qui pourra permettre au client de s’améliorer lorsqu’il aura pris conscience de ce qui l’entrave. Sans cette idée de perfectionnement au cœur de ce métier, on ne pourrait pas comprendre pourquoi le coach développe des outils et des compétences afin de faire émerger la solution de son client.
Bonjour. Difficile question en effet. A la phrase « le coach s’engage à déceler ce qui pourra permettre au client de s’améliorer lorsqu’il aura pris conscience de ce qui l’entrave. », n’y-a-t-il pas une forme, une amorce de jugement du coach et d’orientation ? Déceler, c’est repérer ce qui était caché. Notre stratégie est bien d’aider à lever le voile sur les talents et potentiels cachés, sur lesquels le client pourra s’appuyer pour franchir ses obstacles. Jusque là, OK.
Mais, par la dimension tactique du questionnement, le coach ne devrait-il pas plutôt laisser son client déceler lui-même ce qui pourra lui permettre de s’améliorer ? Si le coach guide sur ce qu’il a décelé, j’y vois un risque d’orientation et de ne pas favoriser son autonomie, qui est la finalité.
Même si c’est difficile, il me semble qu’il fait veiller à cela.
Merci pour cet article, qui nous interroge sur notre posture et dimension tactique.
Bien cordialement
SEMPERES Christian
17 novembre 2017