Sélection de lectures autour du coaching – Novembre 2016

Sélection de lectures autour du coaching – Novembre 2016

Des réminiscences des fêtes d’halloween ont clairement quelque chose à voir avec ça. Nous présentons le premier thème à travers l’ouvrage de Franz De Waal, primatologue spécialisé dans le comportement des chimpanzés et dans l’étude des sentiments moraux chez les animaux. Le second – que vous ne trouverez pas si catastrophiste que ça si vous lisez les livres – est abordé à travers un ouvrage remarqué à sa sortie, il est notamment lauréat du « prix du livre environnement » (2007) décerné par la Fondation Veolia. C’est le livre de Jared Diamond. Le livre de Servigne et Stevens est plus court et d’une ampleur plus restreinte. (Le cross-over cinématographique : La planète des singes)

Bibliographie

« C’est ce qui fait la spécificité de la morale humaine : c’est un mouvement vers des normes universelles, associé à un système complexe de justification, de surveillance et de sanction. C’est là qu’intervient la religion. »
(32) | F. De Waal, 2013, Le bonobo, dieu et nous, Babel « Essai », p. 32

Franz De Waal, 2013, Le bonobo, dieu et nous.  A la recherche de l’humanisme chez les primates, Babel « Essai »

L’auteur tente de mettre à jour les fondements naturels de la morale. A l’inverse des discours qui en font le produit d’un apprentissage lors duquel nous réfrénerions nos instincts naturels sauvages et amoraux. En tant que primatologue, Franz De Waal a étudié les comportements sociaux des chimpanzés et des bonobos, tout en menant des expériences sur la coopération et les sentiments moraux chez d’autres animaux (éléphants, capucins, etc.). Il ressort de ses études que les mammifères et particulièrement les grands singes ont des sentiments moraux (injustice, empathie, etc.), De Waal y voit un fond moral naturel, d’où son propos : La morale ne vient pas d’en haut (c’est-à-dire d’institutions prétendument intemporelles telles que la religion, la loi, etc.), mais d’en bas. Si les grands singes ont des sentiments moraux, ils n’en sont pas pour autant des êtres moraux tel que nous pouvons l’être. La particularité humaine existe bel et bien : nous avons élevé ces sentiments moraux à l’état de normes et de lois.

 

Pablo Servigne & Raphaël Stevens, 2015, Comment tout peut s’effondrer, Editions du Seuil « Anthropocène »

Les auteurs, « collapsologues » proclamés, mènent une réflexion sur le concept d’effondrement et ce dont il rend compte, à savoir la fin probable d’un mode de vie et de production. A travers une réflexion transversale à plusieurs sciences (psychologie, sociologie, biologie, etc.) ils élaborent le concept et tracent ses conséquences, tout en revenant sur sa genèse. La troisième partie est particulièrement intéressante, puisqu’elle explore les différents types d’effondrement et les conduites humaines face à l’évènement et – plus intéressant encore – face à la possibilité de cet évènement. Les auteurs notent par exemple que les représentations communes d’une société post-effondrement sont biaisées par des croyances particulières :  “Ce qui nous fait peur dans l’idée d’une grande catastrophe, c’est la disparition de l’ordre social dans lequel nous vivons. Car une croyance extrêmement répandue veut que, sans cet ordre qui prévaut avant le désastre, tout dégénère rapidement en chaos, panique, égoïsmes et guerre de tous contre tous” (p.210).

 

Jared Diamond, 2006, Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Gallimard « Folio Essai »

L’auteur propose une étude comparative de l’effondrement en présentant ce qui s’apparente à trois études de cas : le Montana actuel ; des sociétés du passé effondrées (Ile de pâque, mayas, vikings du Groenland, etc.) ; des sociétés modernes effondrées, principalement le Rwanda et Haïti.
L’effondrement dont parle Diamond est un effondrement lié à la dégradation de l’environnement de la société en question, il parle d’écocide ou de suicide écologique. Il correspond à « une réduction drastique de la population humaine et/ou de la complexité politique/économique/sociale sur une zone étendue et une durée importante » (p. 15). Il distingue cinq facteurs d’effondrement : (1) dommages environnementaux, (2) changement climatique, (3) présence de voisins hostiles, (4) absence de partenaire commerciaux et enfin les (5) réponses apportées par la société aux problèmes environnementaux. Ces différents facteurs permettent d’expliquer et de rendre compte d’un effondrement. Ainsi, la société Maya s’effondre parce que : (1 & 2) la déforestation a stérilisé les sols ; (3) les guerres ont affaibli les cités centrales et mobilisé des ressources ; etc.

 

Conseils de lecture

Ces trois livres ont l’intérêt d’être tous très accessibles. De Waal écrit très bien et la traduction est excellente, le propos est illustré et pédagogue. Le livre de Diamond est le plus volumineux des trois et le plus dense. Il a recours à beaucoup d’exemples et le risque est de se perdre dans la description de microphénomènes. Le ton reste néanmoins agréable et érudit, la profusion de détail, une fois l’effort fait, reste un plus. Le livre de Servigne et Stevens fait plus figure de court essai, en ce sens, il est simple à lire et l’on peut sans peine naviguer entre les parties. Si vous souhaitez aborder plus superficiellement le sujet de l’effondrement, dirigez-vous vers Servigne et Stevens, Jared Diamond permet d’approfondir et d’armer le propos de cas empiriques et de précédents historiques. Le livre de De Waal est un livre à côté duquel il ne faut pas passer si l’on s’intéresse à la morale et aux sociétés animales.

Sociologue
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