Sélection de lectures autour du coaching – mai

Sélection de lectures autour du coaching – mai

Bonjour à tous, après quelques mois d’égarement, de nombreux courriers de lecteurs m’ont expressément demandé un thème pour le mois de Mai. D’où vient cette envie soudaine ? Je ne le sais pas, et je doute qu’aucun ne détienne, consciemment ou en son cœur, la réponse.

Alors à des maux étranges on applique d’étranges remèdes, et tant pis si les fous ne peuvent parler sensément des folies que font les hommes sensés. Jetons-nous à l’eau et tentons d’esquisser une réponse. Pourquoi cette envie soudaine ? D’où l’humain tire-t-il ses désirs ? Nous questionnerons ce mois-ci la nature humaine.

Pour rendre ce thème agréable, il faut procéder par mots-clés. Qu’est-ce que la nature, qu’est-ce que l’humain, et qu’est-ce que la réalité, d’où l’on tire nos désirs ?

Avec le premier livre nous questionnerons la notion de réalité : qu’est-ce que le réel ? C’est la question que se pose Paul Watzlawick dont le nom n’indique pas directement qu’il est Américain, comme quoi la réalité est bien plus complexe qu’elle n’en a l’air, et qu’en définitive, tout est question de communication et de sémantique. Merci à Paul.

Une fois la réalité de la réalité mise à jour, penchons-nous sur le deuxième livre, qui traite de la nature et de la pensée. Nous devons ce livre à Gregory Bateson, et il y interroge la structure du réel, en se demandant quelle structure relie entre elles les composantes de la diversité du vivant.

Enfin, je vous présenterai un petit livre de conversations. Il s’intitule Dialogue sur la nature humaine. C’est un dialogue entre Edgar Morin et Boris Cyrulnik. Le premier est sociologue, il étudie le comportement et les sociétés humaines, et le second est éthologue, il étudie le comportement et les sociétés animales.

 

Bibliographie

« Pourtant, l’épistémologie sera toujours et immanquablement personnelle. L’extrémité de la sonde est toujours située dans le cœur de l’explorateur : quelle est ma réponse à la question de la nature du savoir ? Je cède, pour ma part, à la croyance que mon savoir est une petite partie d’un plus vaste savoir intégré qui tisse la toile de la biosphère tout entière, la toile de la création » | Gregory Bateson 1984, p. 95

Gregory Bateson, La Nature et la Pensée, Seuil, coll. « La couleur des idées », 1984 (1979)

Bateson élabore dans ce livre une ontologie moniste du monde qui consiste à penser une continuité entre les divers éléments qui le compose. Il considère ainsi dans sa réflexion les êtres vivants, leurs connaissances et leurs manières d’accéder à ces connaissances. Se confondent alors « l’étoile de mer et la forêt de séquoias, l’œuf qui se segmente et le Sénat des Etats-Unis » (p. 12), leurs connaissances étant relatives aux choses suivantes : « comment se développer selon une symétrie quintuple, comment survivre à un incendie de forêt, comment grandir tout en conservant la même forme, comment apprendre, comment rédiger une constitution, [etc.] » (p. 12). Cette communauté de réalité implique selon l’auteur qu’une même structure d’apprentissage relie les différentes entités que nous avons listées plus haut. Il tente donc de faire apparaître ce qu’il appelle une « structure qui relie ». Cette structure de relation des structures de relation lui permettra de composer « un tableau qui illustre comment le monde assure une cohérence dans ses aspects mentaux » (p. 28), dans le but d’établir un savoir qui permette de considérer l’unicité du monde.

Paul Watzlawick, La réalité de la réalité, Points, coll. « essais », 1978 (1976)

L’auteur souscrit à une vision constructiviste du monde qui tend à dire que rien n’est avant d’être reconnu et communiqué. Dès lors, la réalité repose sur la communication, qui rend réel. Ce faisant, l’auteur rejette résolument toute vision essentialiste de la réalité, qui n’est autre qu’une illusion nous menant à « embrasser inconditionnellement une seule définition de la réalité » (p. 9), ce qui peut se révéler dangereux quand cette illusion se double d’une volonté prosélyte. Son livre porte donc sur cette question de la communication, au travers de trois parties. La première se concentre sur ce qu’il appelle la confusion, et qui regroupe les brouillages de la communication, qui sont involontaires. La seconde sur ce qu’il appelle la désinformation qui, à l’inverse, est un brouillage volontaire et délibéré. Enfin, la troisième partie de son livre traite de l’extension de la communication aux domaines qu’elle ne recouvre pas encore, ou simplement des domaines où elle n’est pas encore considérée bien qu’existante, à savoir les relations entre humains et animaux par exemple.

Boris Cyrulnik & Edgar Morin, Dialogue sur la nature humaine, L’aube, coll. « poche essai », 2004 (2000)

Ce dialogue se déroule entre deux auteurs ayant fait de la réflexion générale une spécialité, et par réflexion générale, j’entends une réflexion transdisciplinaire et affranchie des frontières entre sciences. Ce faisant, ils complètent les perspectives des livres présentés ci-dessus d’une manière vivante et agréable.

Conseils de lecture

Le livre de Watzlawick est très bien construit et se présente comme un exposé et un état de l’art des divers outils nous permettant d’aborder sa thèse. C’est en s’appuyant sur des exemples et des expérimentations qu’il déroule son propos, ce qui rend le texte particulièrement imagé et percutant. A recommander. Le livre de Bateson, est, lui, plus complexe à appréhender, mais son thème se rapproche de celui de Watzlawick et les positions qu’il élabore sont passionnantes et valent le détour. Enfin, le livre de Cyrulnik et Morin est, comme son nom l’indique, un dialogue entre les deux auteurs, ce qui rend le propos très léger, tout en ne sacrifiant pas l’intérêt du propos.

Ce dernier est donc le plus simple à lire à mon avis, suivi de celui de Watzlawick et enfin de celui de Bateson. L’intérêt intellectuel est égal, bien que les deux livres de Bateson et Watzlawick ont l’avantage d’être de vrais livres présentant un propos articulé et approfondi, à l’inverse du simple dialogue entre Cyrulnik et Morin.

Sociologue
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