La gestion du cycle menstruel n’est pas prioritaire en entreprise. À l'inverse les femmes subissent en silence. C'est l'heure d'en parler.
Parlons d’un sujet incommodant : le cycle menstruel. Ne soyez pas gêné·es, le dialogue autour du cycle menstruel doit être normalisé, car c’est un sujet beaucoup trop caché, mal traité, « taboutisé » et réprimé.
Cet article a été rédigé à l’aide de Clémentine Pimienta, Coach Sportive. Clémentine à la particularité d’adapter ses séances en fonction du cycle de ses coachées. Je vous mets ses coordonnées à la fin de l’article.
La manière, dont le cycle menstruel est traité, affecte le développement des jeunes filles, et le vécu des femmes.
Les menstruations sont un marqueur majeur de différence entre les femmes et les hommes. Étant dans une société patriarcale, la gestion du cycle menstruel n’est pas une priorité au sein de nos organisations, bien au contraire : les femmes doivent subir en silence. Cette discrimination est une entrave au développement des femmes au sein de notre société. Aujourd’hui sur le média blog, je souhaite rompre le silence.
C’est dans une série de plusieurs articles que je vous parlerai du cycle menstruel et des tabous qu’il règne autour de celui-ci.
Les hommes, les femmes et les règles
Rite de passage
Avoir ces menstruations représente un rite de passage : « on passe de fille à femme ».
Bien que ce soit « un marqueur de féminité, de maturité et de fécondité », lorsque les adolescentes ont leur première règle, c’est de manière péjorative qu’elles les accueillent : le sang des menstrues serait quelque chose de dégoûtant et de honteux (Mardon, 2011; citer la thèse). Cette appréhension négative des règles est inhérente à la façon dont les menstruations sont perçues en général. Par exemple, pendant très longtemps, le sang des règles n’était pas représenté en rouge dans les pubs pour les produits hygiéniques. Les règles sont sales aux yeux des Hommes.
Préjugés et tabous sur le cycle menstruel
Ce phénomène n’est pas anodin, d’après la chercheuse Aline Boeuf (2020). Depuis des siècles et encore aujourd’hui, lorsque les femmes ont leur règle, elles sont considérées comme impures. Une étude lancée aux États-Unis entre la fin du XXe et le début du XXIe siècle rapporte que le sang des règles serait une « abomination, une monstruosité du corps ». (Johnston-Robledo et Chrisler, 2013 ; cité dans Boeuf, 2020). Dans certaines communautés, on demande aux femmes de vivre à l’écart pendant cette période. Durant longtemps, il y avait une méconnaissance du sujet entraînant de la peur : le sang menstruel était vu comme « dangereux et toxique » (Hanafi et Polle, 2016 ; cité dans Boeuf, 2020).
Au-delà, du dégoût que cela renvoie, les règles seraient un défaut, car il entraînerait des sauts d’humeur. Ce ne serait pas qu’une imperfection physique, ce serait aussi un défaut comportemental. Avoir ses règles est stigmatisant pour les filles/ femmes pouvant compliquer l’acceptation de la féminité.
En conséquence, ces stigmates encouragent les filles à cacher leurs règles, en réfléchissant à la bonne tenue par exemple. La majorité de leur énergie est allouée à la réflexion autour de la dissimulation de leurs règles plutôt qu’à l’accueillir ce phénomène. De plus, l’adoption de ce type de comportement est une manière favorable de répondre à ces stigmates sociétaux. Selon la méthode utilisée, allant du port du tampon jusqu’à la prise de la pilule en continu, il est possible de « vivre » presque sans cette contrainte qu’est le saignement.
Une construction identitaire mise à mal
Le caractère stigmatisant des règles est néfaste pour le développement des filles et des femmes. Dès notre plus jeune âge, il est appris aux filles/ femmes comment cacher leurs règles, que cela ne relève que d’elles. Or, cet acte peut renvoyer comme message que les règles et les douleurs sont une fatalité, et qu’elles doivent subir en silence. Elles peuvent rejeter consciemment/ inconsciemment une partie de leur identité féminine, car être née femme est une contrainte.
Finalement, la manière dont les menstruations sont perçues à des conséquences sur la santé psychologique des femmes, cette image négative que nous avons des règles détériore la vision de la femme. D’un côté, c’est quelque chose d’incroyable parce que cela signifie que la personne réglée peut procréer, par contre, elle en est pas moins un poids aux yeux de la société. La femme porte entre les jambes ce qui les rend fragiles aux yeux de la société (Boeuf, 2020). Cela renforce des attitudes discriminatoires à l’égard des femmes, notamment dans le monde du travail. Il y a quelque chose de culpabilisant dans ce phénomène, risquant d’entrainer des problèmes de construction identitaire et jouer sur les choix de carrière.
Le monde du travail et le cycle menstruel
Avant de commencer cette partie, je tiens à rappeler que les règles ne se déroulent pas qu’une semaine dans le mois. Elles font partie d’un cycle : le cycle menstruel. Je souhaite surtout insister sur le fait, que les règles s’inscrivent dans un cycle qui se divise en plusieurs phases, d’un point de vue biologique et psychologique (Grey, 2021). Ces différentes phases s’accompagnent de symptômes physiques (saignement, douleurs musculaires/ articulaires, ballonnement, rétention d’eau, diarrhée/ constipation, crampe abdominales, seins sensibles, etc) et psychologues (irritabilité, anxiété, agitation, colère, insomnie, difficultés de concentration, léthargie, dépression, fatigue sévère, etc) (DSM-V).
Le monde du travail n’est pas du tout adapté au fonctionnement d’une femme, celle-ci étant faite pour fonctionner de manière cyclique ; celui-ci impose de la rigueur, de la maîtrise de soi et de l’efficacité en permanence (Boeuf, 2020). La baisse d’énergie et les changements d’humeur n’ont pas leur place au sein des organisations.
Le corps féminin est défectueux dans le monde professionnel
Par conséquent, « le corps féminin est considéré comme défectueux dans le monde professionnel » (Boeuf, 2020). De nombreuses femmes connaissent, les symptômes mentionnaient plus haut lorsqu’elles sont au travail. Pour les douleurs physiques, il existe des moyens pour les atténuer tel que les anti-inflammatoires, la prise de pilule en continu ou des méthodes issues de la médecine douce. En ce qui concerne le SPM, reconnu en tant que trouble officiel dans le DSM-V* c’est plus difficile à maîtriser… Malgré tout, la plupart des femmes préfèrent subir en silence plutôt que d’expliquer ce par quoi elles traversent.
Lorsqu’elles trouvent enfin le courage de le faire, elles se sentent obliger de minimiser la situation et de rassurer leurs employeurs au risque de négliger leur santé, d’après la chercheuse Aline Boeuf (2020).
Astuces pour vivre son cycle menstruel au travail
Pour la rédaction de cet article, j’ai eu la chance de recevoir les précieux conseils de Clémentine Pimienta sur des gestes du quotidien à mettre en place, pouvant aider à adoucir les périodes du cycle compliqués. Clémentine est coach sportive. Clémentine à la particularité d’adapter les entraînements de ses coachées en fonction de leur cycle.
Tout d’abord, Clémentine conseille d’ajuster son alimentation, notamment en phase de SPM et en phase de menstruation, en évitant tout type de nourriture inflammatoire (farine blanche, produits laitiers, alcool et certaines viandes) ; et en privilégiant de la nourriture anti-inflammatoire (les légumes, la farine complète ; les épices surtout le gingembre, la cannelle et le curcuma ; le chocolat noir, les oléagineux et les céréales complètes).
Pour les douleurs physiques
Pour les douleurs physiques, Clémentine explique que c’est très important de mettre son corps en mouvement. En faisant un effort physique, cela libère l’hormone du bonheur (la dopamine) et aide ainsi à réduire les douleurs.
- Les douleurs du bas du ventre.
Il est important de faire de la place. On peut tendre les jambes, puis remonter un genou vers notre poitrine et tendre l’autre jambe en même temps. Avec une chaise, en prenant appuie dessus, on peut faire le dos rond en creusant notre dos et ouvrir notre poitrine façon alternée
- Pour les douleurs des jambes.
Notamment à cause de la rétention d’eau. On peut marcher pour faire circuler et le sang et boire beaucoup d’eau
- Pour le mal de tête.
On peut se masser les tempes, diminuer la luminosité de la pièce et encore une fois boire (Clémentine a insisté sur l’importance de s’hydrater !!)
En espérant que cet article vous sera utile aussi bien à vous mesdames, qu’à vous messieurs. J’espère que cela vous aidera à mieux comprendre ce phénomène.
Je souhaite ajouter qu’on aime ce que l’on connait et on protège ce que l’on aime. Apprendre à se connaître est une très bonne méthode, pour favoriser un épanouissement durable et plus ou moins stable tout au long de sa vie. Prenez soin de vous.
*DSM-V: Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux (cinquième version). Propose une classification des troubles mentaux.
Instagram : @clementine.coachsportive
LinkedIn : Clémentine Pimienta
Bibliographie sur le cycle menstruel
American Psychiatric Association (2013). Diagnostic ans statistical manual of mental disorders (5e ed.).
Boeuf, A. (2020). VIVRE SON CYCLE MENSTRUEL DANS LE MONDE PROFESSIONNEL : EXPÉRIENCES MULTIPLES ET PRÉOCCUPATIONS COMMUNES.
Lune Rouge—Comment mon cycle peut devenir mon coach. Guide professionnel pour les femmes—Broché—Miranda Gray— (2021). Consulté 17 novembre 2023, à l’adresse https://www.fnac.com/a14283470/Miranda-Gray-Lune-Rouge-Comment-mon-cycle-peut-devenir-mon-coach
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On en parle dans cet article sur comment devenir coach professionnel en détails.
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Bonjour,
plus qu’un commentaire, je voulais apporter un témoignage. C’est vrai que ce SPM n’est pas très drôle et surtout, on ne se sent pas légitime à aller se plaindre pour calmer le rythme pendant cette période. En ce qui me concerne, il s’agit (outre le côté psy), d’une grande fatigue avant (car insomnie) et pendant. Et se reposer pendant le travail est dur, ce qui a pour conséquence d’accumuler la fatigue sur plusieurs mois!
Et lorsque nous abordons le sujet avec des chefs d’entreprise, ce qui revient le plus souvent c’est : » ah et puis tout le monde va en profiter pour avoir des jours de congés ».. c’est triste et pathétique! Parce que encore une fois, on va nous regarder comme des tire-aux-flancs, ce n’est pas très juste! D’autant qu’il n’y a pas que les hommes à convaincre mais nombre de femmes ne vivent pas ce phénomène. C’est difficile d’expliquer ce que l’on peut vivre sans l’avoir jamais ressenti!
Voilà, j’espère que ce témoignage vous aidera
Flo
contant
19 novembre 2023