Wittgenstein et le coaching : à la recherche de la lumière perdue

Wittgenstein et le coaching : à la recherche de la lumière perdue

La philosophie du langage de Wittgenstein est réputée pour sa complexité. Des formules comme « Les faits dans l’espace logique sont le monde » peuvent poser des soucis même pour les commentateurs et historiens de la philosophie les plus avisés. Paradoxalement, le but poursuivi par le philosophe était plutôt évident : tout ce qui peut être dit dans un discours, peut l’être de façon claire.

Cette formule a une puissance décisive dans l’histoire de la philosophie. Wittgenstein voulait dire par-là qu’une grande partie de la production philosophique, de toutes les époques, y compris celles des grands auteurs, était chargée d’une complexité vide, faute de pouvoir mettre en lumière la logique de notre langue. C’est-à-dire que la philosophie n’a pas pu accomplir, au moins avant la parution de son œuvre, sa tâche principale, à savoir celle de trouver de vraies solutions à de vrais problèmes. La formulation de sa pensée est lapidaire : « sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence. »[1]

Il est possible de tracer un parallèle entre cette façon de concevoir le monde et la pratique du coaching. L’intervention du coach ne se fait jamais ex nihilo[2]. Au contraire, elle doit être fondée sur une demande réelle du client, qui peut assumer plusieurs formes. Le but du coach, et c’est là que nous proposons le rapport avec la philosophie de Wittgenstein, est celui de clarifier cette demande, c’est-à-dire d’expliciter sa formulation. Il s’agit bel et bien de la raison d’être du langage, à savoir sa capacité à être précis, clair. Nulle demande plongée dans l’obscurité ne peut faire l’objet du travail du coach, autant que nul discours d’une complexité vide ne peut résoudre les problèmes philosophiques.

Cette démarche vise le sens effectif des choses. Pour le coach, le sens est l’objectif à poursuivre vis-à-vis du client. Pour le philosophe, le sens est, par excellence, ce qui reste dans la logique propre au langage. Aux hommes de bonne volonté, la quête de lumière !


[1] Tractatus logico-philosophicus, trad. de l’allemand par Gilles Gaston GRANGER, Paris, Gallimard, 1993.

[2] A partir de rien.

#Philosophe #R&D #Autrui #Intersubjectivité
Commentaires
avatar de NATHALIE PACZEK-LAURENT

Je serais tentée de dire : Sur ce dont on ne peut parler AUJOURD’HUI, on devrait garder le silence MAINTENANT.
Car, justement, tout le processus du sens donné aux choses, aux éléments de la vie par chaque individu, émerge de la sémiotisation, du choix de ses mots pour exprimer, AU FUR ET A MESURE, ce qui doit être mis en lumière.
Sans notion de temps et sans effort de découverte, le langage vide ses cartouches en tirant en l’air…Il ne s’agit pas de retenir une vérité de soi qui aurait du mal à TROUVER LES MOTS…donc il faudrait la contraindre à ne rien dire, selon le philosophe. Car, devant l’absence de mots, soyons certains que le corps parlerait pour exprimer le sens de tout cela. On dissocie trop souvent le langage provenant de l’esprit, de celui du corps qui SAIT, car le cerveau et son habitacle sont en relation homéostasique pour gérer leur propriétaire.
La conception de Wittgenstein est selon mon humble avis, trop tenante du chapitre purement intellectuel, où la philosophie n’entre pas dans le champs plus global et épistémologique de la résolution de la lumière.
En d’autres termes, sur ce qu’on ne peut ressentir et exprimer, il faudrait comprendre le silence, plutôt que de l’installer comme sanction à l’absence de lumière.

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