Le coaching humaniste – Tour d’horizon #3

Le coaching humaniste – Tour d’horizon #3

Qu'est-ce que le coaching ? Pour cette année 2022, on a décidé de revenir à la base en se posant cette question simple. L'une des manières de répondre, c'est de présenter les différents courants qui existent en coaching. Et également de vous expliquer leurs spécificités. Bienvenue dans notre nouvelle série : tour d'horizon des coachings. Aujourd'hui, épisode 3 : le coaching humaniste.

Carl Rogers est l’auteur classique et phare de ces approches. On parle souvent de coaching centré sur le client et de non-directivité en coaching. Ces concepts, on les doit à l’approche humaniste. Ce type d’approche est un peu différente d’une approche cognitivo-comportementale. Ces dernières sont très outillées, avec des protocoles précis et évalués. L’approche humaniste met plutôt en avant un savoir-être qu’un savoir-faire. Quand on parle de posture de coach aujourd’hui, on utilise en fait un concept central de l’approche humaniste.

L’approche centrée sur la personne

L’approche humaniste du coaching repose sur trois idées fondamentales :

  • toute personne cherche à se sentir mieux, à être plus autonome et à fonctionner de manière optimale,
  • c’est l’accompagné·e et pas l’accompagnant·e qui sait ce qui est bien pour lui ou elle
  • les gens sont leurs propres experts.

Le but de l’accompagnant·e, c’est d’offrir à l’accompagné·e un espace collaboratif dans lequel il ou elle pourra se développer en tant que personne. En d’autres mots, son but est d’offrir un espace de réalisation, basé sur le non-jugement et l’acceptation. Quand, en coaching, on évoque le rapport collaboratif, c’est exactement de cela dont on parle.

L’approche humaniste, c’est essentiellement une approche de l’accompagnement centrée sur la personne. Centrée sur la personne, qu’est-ce que ça veut dire ? Comme son nom l’indique, cela veut dire que l’accompagnement se fait par et pour la personne. En d’autres mots, l’accompagnant·e (psychologue ou coach·e) adoptera une approche non-directive, pensée pour suivre le cheminement du client sans l’altérer.

Pour résumer cette courte introduction, nous vous proposons de définir le coaching humaniste comme ça : Dans le cadre d’un coaching humaniste centré sur la personne, le rôle des coach·es est de fournir aux coaché·es un environnement optimal pour permettre la mise en action et le développement des capacités visées. Dans la section suivante de cet article, on parlera justement des conditions qui permettent de mettre en place un tel environnement.

L’environnement de l’accompagnement humaniste

Le coaching humaniste repose sur deux piliers : la posture non-directive des coach·es et le rapport collaboratif instauré avec les coaché·es. Sans cela, pas de coaching centré sur la personne. Bon, une fois qu’on a dit ça, on n’a pas dit grand chose. Ça tombe bien, Carl Rogers est entré dans le détail. Dans un article paru en 1957 (Rogers, C. R. (1957). The necessary and sufficient conditions of therapeutic personality change. Journal of Consulting Psychology, 21, 95–103.), il liste six conditions essentielles à l’instauration de conditions optimales pour un tel accompagnement. La première est assez basique : deux personnes interagissent. Cela veut dire que sans contact et reconnaissance mutuelle, pas d’accompagnement. En d’autres mots, une personne en état végétatif n’est pas en capacité de bénéficier d’un accompagnement de ce type.

Les cinq autres conditions essentielles à l’instauration de conditions d’accompagnement optimales

  • La personne accompagné·e est dans un état d’incongruence. Quand on parle d’incongruence ici, on parle d’un décalage entre l’expérience et les sentiments d’un côté, et la reconnaissance de ces expériences et sentiments de l’autre. Une personne stressée en déni de stress est en situation d’incongruence.
  • L’accompagnant·e est congruent et intégré dans la relation. Cela veut dire que le ou la coach·e est intégré·e dans un processus auto-réflexif, conscient·e de ses forces, de ses faiblesses et de ses propres représentations. C’est un point fondamental qu’on aborde par exemple à travers la grille d’auto-évaluation, les rapports de coaching, les analyses de pratique de groupe et la supervision individuelle dans la formation Linkup Coaching Devenir Coach·e Professionnel·le Certifié·e.
  • L’accompagnant·e pose un regard invariablement positif sur l’accompagné·e. Ici, on parle principalement de qualité de la relation. Le ou la coach·e doit être capable d’accueillir l’autre sans jugement, chaleureusement, de manière bienveillante et positive.
  • Le coach·e ou accompagnant·e fait l’expérience d’une compréhension emphatique de la carte du monde de l’accompagné·e. On parle ici d’empathie cognitive. En tant que coach·e, vous devez être capable de comprendre la vision du monde et les expériences de vos client·es.
  • L’accompagnant·e fait l’effort et arrive à communiquer à l’intéressé·e son degré de compréhension de son état. Très liée à la condition précédente, celle-ci indique l’importance de la capacité à communiquer. Pour instaurer un vrai rapport collaboratif, il faut que l’accompagné·e sache qu’il ou elle est compris·e et accepté·e.

Le coaching humaniste en pratique : Une base élémentaire mais fondamentale à une bonne pratique

Comme nous l’évoquions au début de ce papier, le coaching humaniste est moins objectivante que d’autres types de coaching plus procéduraux. On l’a bien vu jusqu’ici, il s’attache plutôt à décrire un ensemble de conditions pour permettre la mise en place d’un accompagnement efficace. En d’autres mots, le coaching humaniste est une base posturale et relationnelle qui permet la construction d’un rapport collaboratif. Et donc une dynamique d’accompagnement.

En tant que base posturale et relationnelle, le coaching humaniste a forcément été moins éprouvé. Et en réalité, il existe assez peu d’études sur l’efficacité des six conditions de Carl Rogers décrites plus haut. Ce qui est observé dans la pratique, c’est que ce type de coaching est, effectivement, utilisé comme base. Qu’est-ce que ça veut dire exactement ? Et bien simplement que les coach·es qui se revendiquent d’une telle approche ont recours, au besoin, à des protocoles de types comportementaux et cognitifs.

Ceci étant, il existe un champ de recherche en psychologie clinique qui met en avant l’effet bénéfique d’une telle approche pour le développement de la motivation intrinsèque. Ces résultats concernent particulièrement des personnes en situation addictive. Dans ce cas, un environnement tel que décrit plus haut est très aidant dans le développement chez l’individu d’une motivation propre à sortir du comportement addictif.

Le cas particulier du travail motivationnel

En mettant les client·es au centre d’un processus, on les responsabilise. C’est la grande force du coaching. Cette force est particulièrement prégnante quand il s’agit de mettre en mouvement par le développement d’une motivation propre à la personne. Ce type de motivation, on appelle ça la motivation intrinsèque. Or, en offrant un espace collaboratif doublé d’une verbalisation propre à la personne, on pose les bases du développement d’une motivation intrinsèque.

En pratique, on structurera l’échange autour de deux phases. La première s’apparente à l’escalade d’un flanc de colline. Le but, explorer l’inconuruence, l’ambivalence, l’état problème, puis créer les conditions d’une motivation intrinsèque et d’un sentiment d’auto-efficacité (sur ces points, voir notamment Bandura, abordé en profondeur dans notre spécialisation en Coaching Scolaire) :

  • des questions ouvertes,
  • des reformulations qui attestent d’une écoute attentive,
  • verbaliser l’état présent (notamment la confiance en soi) à partir d’une métrique. Ex. Sur l’échelle de x à y, comment placeriez-vous votre estime de soi actuelle ?
  • Offrir un espace d’affirmation pour créer une atmosphère positive et dynamique. Le but : mettre en mouvement.

La deuxième phase, c’est la redescente de l’autre côté de la colline. Le but, renforcer l’engagement des coaché·es et objectiver le changement attendu. Pour faire ça, on explore trois éléments :

  • on travaille sur les résistances pour les lever,
  • le questionnement sur le changement et la mise en mouvement doit prendre de plus en plus de place,
  • et, à l’inverse, le questionnement sur l’état problème doit prendre de moins en moins de place.

Quelques limites à l’approche humaniste du coaching

Étant donné la centralité des client·es dans cette approche, elle implique une grande responsabilisation de l’accompagné·e. Ce faisant, des personnes partant de loin en termes d’estime de soi, d’authenticité et de capacité relationnelle pourraient se sentir en difficulté, voire acculé·es. Il conviendra d’utiliser d’abord des protocoles pour améliorer ces capacités avant de pouvoir utiliser une approche humaniste au bénéfice des coaché·es.

Une autre difficulté se trouve dans la phase 1 décrite ci-haut. Durant cette phase, à force de questionner l’état problème, il est possible de se retrouver bloqué·es dans la contemplation des difficultés. Si cela arrive, il est conseillé d’adopter une posture plus directive, après vérifications éthiques et déontologiques essentielles (le ou la client·e se sent-il ou elle bien dans le coaching, etc.).

Conclusion : le coaching humaniste, une posture essentielle et fondamentale, mais qui ne se suffit pas à elle-même

Comme nous l’avons vu, le coaching humaniste, c’est une approche connue et maîtrisée par tout coach·e professionnel·le certifié·e. Pourquoi ? Parce qu’il décrit un savoir-être fondamental en coaching. En mettant au centre du processus les client·es, on perd en directivité, mais on gagne en autonomie. C’est un équilibre à trouver, et il convient de bien comprendre l’environnement dans lequel se déroule le coaching pour trouver la juste balance, au bénéfice de vos client·es. Rendez-vous la semaine prochaine pour le prochain numéro du Tour d’horizon des coachings. On parlera de coaching… existentiel ! Vaste programme.

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